Ven. 31 Jan. 2003, 10:03
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Quelques rares privilégiés â ce qu'il est convenu d'appeler des Parisiens de marque â étaient conviés, cette nuit à une petite fête qui ne manquait ni d'originalité, ni d'imprévu. L'invitation est ainsi conçue :
Monsieur..... est prié d'assister au concert des catacombes, organisé par MM Pierres et Jouaneau, à onze heures.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
A l'heure dite, une centaine de personnes se faufilaient par une étroite porte de la rue Dareau, et commençaient la descente de l'interminable escalier qui mène aux catacombes. Des hommes noirs â et fort accueillants, â guidaient la route avec des bougies, dont la lueur tremblante éclairait mélancoliquement les rangées de crânes, les colonnettes de tibias, qui sont la gloire macabre de notre capitale.
Pourquoi, comment cette fête?
Renseignements pris, nous apprenons ceci : quelques jeunes gens, des littérateurs, des peintres, des musiciens, devisant certain soir après joyeux repas, constatèrent unanimement que la marche funèbre de Chopin, jouée la nuit, dans le décor pittoresque des catacombes ne pouvait manquer de produire sur les auditeurs une impression assez... caractéristique.
On résolut immédiatement de mettre ce projet à exécution. Il ne pouvait être question de demander aux autorités responsables une autorisation qui eà»t été certainement refusée ; mais l'un des conjurés avait d'étroites relations de camaraderie avec un ingénieur compétent qui n'autorisa pas, mais promit de fermer les yeux.
Ainsi fut fait!
Et le concert eà»t lieu, il ne faut s'étonner de rien à Paris !
L'impression fut, du reste, ce que les organisateurs avaient souhaités qu'elle fut : macabre. Un orchestre composé d'éléments excellents, recrutés parmi les artistes de l'Opéra, etc., exécuta la Marche de Chopin, la Danse macabre et d'autres morceaux de circonstance.
A une heure et demie, les récitants troublaient encore d'une voie mal assurée le repos de l'ossuaire.
A deux heures, se terminait une fête, sans précédent comme sans lendemain, je le crains !
Ad. M.
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