Lun. 13 Jan. 2003, 18:08
0 | 0 | ||
Citation :L'ASSOCIATION Montsouris environnement (AME) a perdu sa bataille juridique pour la sauvegarde de l'aqueduc gallo-romain découvert dans le chantier de la ZAC Alésia-Montsouris (XIV e ). Une ZAC de cinq hectares et demi, avec 900 logements et 12 000 mètres carrés de bureaux. Son pourvoi en cassation vient d'être rejeté. L'association avait déposé une plainte en 1998 à la suite de la destruction partielle de l'aqueduc lors des travaux de la ZAC en 1996, plainte qui avait abouti à un non-lieu. L'AME était donc revenue à la charge en contestant cette décision auprès de la Cour de cassation. En vain. La Cour de cassation a en effet confirmé l'arrêt de non-lieu selon lequel les détériorations de l'ouvrage ont été autorisées par les administrations compétentes. A l'origine, c'est pourtant l'association Montsouris environnement qui a alerté les administrations sur la nécessité de sauvegarder cet ouvrage. La ZAC est en effet traversée par deux aqueducs : l'aqueduc de Lutèce (121 mètres), qui date de la fin du I e r siècle, alimentait les thermes de Cluny et la montagne Sainte-Geneviève ; l'aqueduc de Médicis (133 mètres) alimentait le palais du Luxembourg au XVII e siècle. Cette découverte a contraint l'aménageur à revoir sa copie. A l'origine, deux mètres seulement de ces vestiges devaient être préservés. Finalement 125 mètres d'aqueduc sur les 260 mètres existants ont été conservés pour être mis en valeur et exposés au public.
Sacrifiés sur l'autel de la rentabilité immobilière Des cryptes vitrées présentent certaines sections des aqueducs en coupe. Ces niches éclairées permettent de voir l'ouvrage réel, mais il faut bien les chercher : les passionnés d'archéologie en trouveront un morceau dans un parking, ou encore un autre dans un hall d'immeuble. Avec un peu de persévérance, ils trouveront également dans la ZAC des bornes ornées de l'emblème de la Louve du Capitole ou des armoiries de France et de Médicis, qui ont été implantées sur le tracé de l'aqueduc pour signaler aux passants sa présence en sous-sol. Pour René Dutrey, premier adjoint au maire (Vert) du XIV e , chargé des espaces verts et de l'environnement, les aqueducs de Montsouris ont bel et bien été sacrifiés sur l'autel de la rentabilité immobilière. Et la mise en valeur de ce qu'il en reste n'a pas été réellement pensée. Un nouveau plan est donc en cours d'élaboration. Un premier appel d'offres a été lancé pour réhabiliter un regard (une ouverture) de l'aqueduc qui devait être détruit et a finalement pu être sauvegardé. « L'idée serait de réaliser un parcours de randonnée dans la ville », explique René Dutrey. En revanche, la tentative de classement de l'ouvrage aux Monuments historiques a échoué. « On a décidé de faire comme si et de faire appel à une société spécialisée », indique l'adjoint au maire, qui ajoute : « Bizarrement, de l'autre côté du périphérique, l'aqueduc est protégé. »
Florence Hubin
Le Parisien , lundi 13 janvier 2003