Ven. 10 Sep 2004, 08:04
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Citation :'inexorable déclin de la vieille pellicule argentique face à la photographie numérique amène les grands acteurs du secteur à réduire de plus en plus leur présence dans cette activité promise à plus ou moins long terme à la marginalité. Dernière annonce en date, la branche française du géant américain Kodak a annoncé jeudi la fermeture d'ici la fin de l'année de cinq de ses laboratoires français. Les services de travaux photos ont chuté de près de 45% ces quinze derniers mois, indique le groupe dans un communiqué. Les activités des laboratoires de Lorient, Poitiers, Seclin, Villé et Vitrolles, qui emploient 219 salariés, seront transférées vers les six autres centres du groupe en France. Kodak est également en discussions pour céder d'ici fin 2004 «tout ou partie du laboratoire de Caen», qui emploie 187 personnes. Au total, 400 emplois sont en jeu. (1)
Ces fermetures font partie d'un vaste plan de restructuration du groupe au niveau mondial. 12.000 à 15.000 suppressions d'emplois, soit 20% des effectifs, sont prévues d'ici 2006. Le numéro 1 mondial de la photo opère une mue à marche forcée vers le numérique. «Nous connaissons aujourd'hui un changement structurel dans nos activités traditionnelles film et papier sur les marchés matures. Nous sommes déterminés à gagner sur les nouveaux marchés numériques», indiquait il y a un an le PDG Daniel Carp en donnant le coup d'envoi de ce tournant stratégique. Apparemment payante puisque la firme a plus que doublé son bénéfice net au 1er trimestre, à 28 millions de dollars.
Kodak n'est pas seul à passer de la photo numérique. Fin aoà»t, Ilford, le prestigieux fabricant britannique de pellicules noir et blanc depuis 1879, va connaître sa révolution culturelle. La société est menacée de disparition après son dépôt de bilan et sa mise en liquidation par son propriétaire, le fonds d'investissement britannique Doughty Hanson and Co, qui entend en profiter pour séparer le bon grain numérique de l'ivraie argentique. Ilford a en effet développé une nouvelle activité de fabrication de cartouches d'encre couleur et de papier photo pour clichés numériques en plein essor tandis que la production de pellicules classiques, qui emploie 740 personnes à Mobberley, dans le nord de l'Angleterre, plombe les résultats d'une entreprise déficitaire en 2003. La liquidation devrait permettre à la société de se débarrasser de son segment argentique pour se concentrer sur le seul numérique.
L'argentique est-il condamné? Ce n'est pas l'avis d'Yves Touchot, président de Kodak France, selon lequel la photo argentique résistera grâce au... numérique. «L'idée, c'est de mettre de plus en plus de numérique dans l'argentique comme lorsque l'on adjoint un disque de stockage numérique avec les travaux photos, explique-t-il. Il reste clair que le besoin de pellicules argentiques ne cessera de décroître et qu'on ne retrouvera jamais les mêmes volumes de travaux dans les labos avec le numérique». Et, pour les grands du secteur, un nouveau marché se dessine: les impressions papier de clichés numériques sont en hausse. Avec une inflation de services en conséquence.
(1) Au niveau mondial, 70% de l'activité de Kodak dans l'argentique concerne maintenant les pellicules cinéma et l'imagerie médicale.
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