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Justice Cinq tunnels creusés sous la prison de la Santé



EN MATIERE D'EVASION, le danger vient souvent des airs. Mais, depuis quelques jours, la police judiciaire parisienne enquête en sous-sol sur ce qui ressemble à  une inédite tentative de « belle » par des tunnels. Les galeries découvertes à  une dizaine de mètres sous le plancher de la prison de la Santé, dans le XIV e arrondissement, sont au nombre de cinq.
Elles sont à  l'horizontale à  l'exception d'une qui remonte très légèrement vers la surface. Creusées à  partir de catacombes existantes, elles débouchaient pour deux d'entre elles sous des miradors, les autres arrivant sous l'entrée de la prison et à  l'aplomb d'une cour de promenade réservée aux détenus placés à  l'isolement. Curieusement, cette découverte a été faite grâce à  des prisonniers. « Entre le 1 e r et le 5 aoà»t », selon une source judiciaire, plusieurs d'entre eux ont signalé à  des surveillants qu'ils entendaient de curieux bruits venant du sol durant la nuit. La direction de la prison a alors demandé au service des catacombes d'inspecter le sous-sol.
Des détenus dangereux transférés Ce sont ces spécialistes qui ont découvert que des galeries normalement murées ou grillagées avaient été rouvertes et que des tranchées semblaient avoir été fraîchement creusées. « Il n'y avait pas de matériel particulièrement performant, juste deux ou trois pelles », glisse un proche du dossier. Reste que l'administration pénitentiaire a jugé l'alerte suffisamment inquiétante pour demander quinze jours plus tard le transfèrement de détenus dangereux. Cette démarche a d'ailleurs provoqué quelques grincements de dents au parquet de Paris qui n'avait pas été tenu au courant et n'a découvert l'affaire à  cette occasion que le 20 aoà»t. En raison du profil de certains prisonniers, la brigade de la répression du banditisme et la section antiterroriste de la brigade criminelle ont été chargées d'enquêter conjointement sur ce dossier, qui a aussi provoqué un émoi certain parmi le personnel de la maison d'arrêt. « C'est inadmissible de ne pas avoir été informé de cette découverte, tempête Christophe Marquès, du syndicat FO-Pénitentiaire. D'autant plus que la Santé est un établissement particulièrement vétuste, surpeuplé, et dont certains détenus sont extrêmement dangereux. » « Le problème est que nous avons été prévenus très longtemps après la découverte de ces galeries, souffle un enquêteur. Deux d'entre elles ont d'ailleurs été rebouchées et il ne va pas être facile de trouver des éléments matériels. » Le parquet de Paris a demandé l'appui d'experts en souterrains pour tenter d'établir si les travaux étaient récents. « Il y a des étayages grossiers et, à  vue d'oeil, ça semble relativement frais, confie un policier. Mais tout ça devra être confirmé par les spécialistes. » Reste à  établir avec certitude que les personnes qui ont creusé ces couloirs avaient réellement des intentions criminelles. « Il y a effectivement pas mal d'adeptes des catacombes qui aiment se rendre dans des endroits interdits, commente une source judiciaire. C'est une hypothèse qui est prise en compte, mais ça n'est pas celle qui est privilégiée. »