Sam. 27 Mars 2004, 09:54
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Citation :Dès 2005, des données biométriques devront figurer sur les passeports
LE MONDE | 26.03.04 | 17h35
Bruxelles de notre bureau européen
En réponse aux attentats de Madrid, les chefs d'Etat et de gouvernement européens, réunis jeudi 25 mars à Bruxelles pour le conseil européen de printemps, ont affiché le spectacle de leur unité face au terrorisme.
Un plan antiterroriste a été adopté. S'il ne comporte pas de mesures nouvelles par rapport à celles déjà présentées par les ministres de l'intérieur et des affaires étrangères, il constitue néanmoins un "progrès sérieux" dans la lutte contre le terrorisme, affirme Jacques Chirac.
Les Quinze, pour leur dernier sommet avant l'élargissement, ont nommé un "M. Terrorisme", le Néerlandais Gijs de Vries. Ils ont décidé l'introduction des données biométriques (empreintes digitales, iris de l'Åil) dans les visas et passeports dès 2005 et l'adoption anticipée de la "clause de solidarité" prévue par le projet de Constitution européenne, qui permet à un Etat membre agressé de bénéficier de la solidarité, s'il le faut militaire, de ses partenaires.
Selon Javier Solana, haut représentant de l'Union pour la politique extérieure et de sécurité, le coordonnateur européen de la lutte antiterroriste aura notamment pour rôle de "maintenir des contacts réguliers" entre les Etats membres, afin d'assurer "la meilleure complémentarité possible" entre ceux-ci et l'UE, et aussi de "mieux coordonner les échanges de renseignements" entre pays de l'UE, ainsi qu'avec les pays tiers.
Gijs de Vries sera également chargé de rappeler à l'ordre les pays qui tardent à transposer dans leur législation nationale les décisions adoptées par l'Union après les attentats du 11 septembre 2001, comme le mandat d'arrêt européen, qui n'est toujours pas en vigueur dans cinq pays de l'UE.
UN POUVOIR LIMITà
"Le fait de nommer un coordonnateur est un pas dans la bonne direction mais un pas strictement insuffisant", a commenté Jean-Claude Juncker. Le pouvoir politique du "M. Terrorisme" européen est en effet limité."Même dans les moments de forte émotion, il ne faut pas tomber dans une hypocrisie insupportable. Nous savons très bien que les services secrets ne veulent pas échanger leurs informations", précise le premier ministre luxembourgeois.
En demandant à Javier Solana de leur faire des propositions d'ici au mois de juin en vue de créer une cellule européenne d'échange de renseignements, et en se refusant à envisager la mise en place d'une "CIA européenne", les Vingt-cinq ont de facto reconnu que cette pratique, pourtant essentielle pour démanteler des réseaux terroristes, est à l'état embryonnaire. Jacques Chirac a implicitement justifié l'existence du G5 - groupe de cinq pays (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne et Italie) - par l'efficacité du "petit nombre".
L'efficience dans la lutte antiterroriste, a assuré le président français, "suppose une action réfléchie et coordonnée. On ne peut jeter tout -les renseignements- sur la table, n'importe comment, cela suppose un certain doigté", a-t-il insisté, en prenant l'exemple de la coopération franco-espagnole dans la lutte antiterroriste. Pour Nicolas Sarkozy, ministre français de l'intérieur, le G5 a pour mission de "défricher le terrain". La thèse selon laquelle il voudrait "monopoliser l'action au détriment des autres est soit absurde, soit polémique", a renchéri Jacques Chirac. Pour le chef de l'Etat français, la coopération entre services de renseignement "existe et se renforce".
D'autre part, a-t-il insisté, il existe des situations "qui créent un terreau favorable au terrorisme". M. Chirac a cité les "conflits non réglés" -le conflit israélo-palestinien-, mais aussi "les sentiments d'humiliation, la pauvreté". Il faut lutter contre le terrorisme "avec détermination et sans aucune concession, mais dans le cadre de l'Etat de droit, cela va de soi", a ajouté le président français.
Le plan antiterroriste de l'Union constitue à ce stade une déclaration d'intentions, qu'il reste à concrétiser. C'est ce qu'a semblé vouloir dire Bertie Ahern, président en exercice de l'Union : "Nous ne réinventons pas la roue ce soir. Mais, après Madrid, il est nécessaire de donner une nouvelle impulsion politique. Les Européens n'en attendent pas moins", a-t-il conclu.
Thomas Ferenczi et Laurent Zecchini
⢠ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.03.04
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