Mar. 26 Avr. 2011, 13:55
2 Raska sulman77 |
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Lors dâune plongée spéléo, les repères et stimuli extérieurs sâeffacent, sâestompent peu à peu. Lâodorat a disparu dès le masque mis sur le nez, le goà»t également. Le toucher est présent mais le froid engourdit les doigts et les gants estompent les sensations. Lâouà¯e est exacerbée mais de peu dâutilité. Le seul bruit régulier est celui des bulles qui rythment le déplacement. Parfois nous réentendons notre corps. La pièce osseuse qui isole lâoreille des bruits interne ne suffit plus ici, et voici quâapparaissent les claquements aortiques, les chuintements inquiétants de la pompe cardiaque, tous ces bruits que le quotidien ne perçoit pas et qui ici sâamplifie à lâinfini. Il reste la vue, mais une vue déformée par la turbidité de lâeau et drastiquement réduite à la zone que découpe notre lumière noire.
Dans une telle situation, on peut passer de lâétat de conscience de veille, celui qui permet dâêtre éveillé, actif, rationnel, objectif, à un état de conscience intériorisé, subjectif, dans lequel très rapidement la part logique rationnelle va se déconnecter, se mettre en roue libre puis carrément sâendormir nous laissant en prise avec nos perceptions internes, nos ressentis physiques amortis, engourdis par lâa-mobilité, lâoccultation des yeux, lâambiance feutrée du siphon et le bercement induit par la nage. Imperceptiblement, on passe du monde du dehors au monde du dedans, de celui de la présence active au monde, à celui de la présence exclusive à soi même, au monde des rêves, au monde de notre imaginaire, au monde intérieur qui nous habite et que nous habitons. Notre part inconsciente peut alors émerger nous faisant entrer dans un état semi hypnotique, un état altéré de conscience, un état qualifié de « subconscient de conscience ». Câest celui qui caractérise les bébés.
Parfois, le corps est en souffrance, narcose, essoufflement, douleurs, fatigue de la marche dâapproche ou du trajet préalable à la plongée au long dâune grotte, refroidi par la durée de la plongée ou par la combinaison inadaptée, toujours déshydraté,â¦. Nous basculons alors beaucoup plus rapidement dans cet état et beaucoup plus profondément. Ce monde subconscient nâest en rien celui que partagent les équipiers restés à lâextérieur, celui des spéléos « secs », ni bien sur celui que nous connaissons habituellement dans la vie quotidienne. En fait, il y a un gouffre entre les deux.
La conscience de lâêtre humain siège dans le cerveau. Si le fonctionnement du cerveau est altéré, il y aura trouble ou perte de la conscience. La connaissance du fonctionnement du cerveau permet de comprendre ce qui va influer sur cette altération de la conscience et surtout comment lâéviter.
vivre c'est mourir un jour, plonger sous terre c'est vivre intensément!