Ven. 26 Dec. 2003, 00:00
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Citation :Périlleuse mission dans lâaven pour sortir le corps du spéléo
Sujets : Secours : sauvetage, Lozère
Un jeune spéléologue de 19 ans est décédé, hier, dans le gouffre le plus profond de Lozère, baptisé lâaven de la Cheminée. Bastien Pédel participait, avec sept de ses camarades du club caussenard, à une exploration de la cavité, lorsquâil a effectué une chute de près de vingt mètres. Grièvement touché aux poumons et aux côtes, il nâa pas survécu à ses blessures.
Le groupe était encadré par deux moniteurs et tous avaient lâhabitude de parcourir le monde souterrain. Ils avaient décidé, lundi, de passer la nuit sur le causse Méjean à la belle étoile, après avoir visité ce gouffre naturel, situé au-dessus de la commune des Vignes. Le drame sâest produit alors que les spéléologues effectuaient la remontée vers la surface.
Descendus jusquâà la « rivière des obstinés » après un cheminement de quatre heures, ils avaient atteint le niveau des 220 mètres, lorsque la victime a chuté. Selon les premiers témoignages, le jeune homme était en train de retirer les cordes pour se déséquiper et a glissé. « Les raisons exactes de lâaccident sont encore inconnues », précisait, hier matin, le capitaine Frédéric Robert, du SDIS-48.
Immédiatement, quelques-uns de ses camarades se portent à son niveau, vingt mètres plus bas, afin de lui prodiguer les premiers soins. Les autres se dirigent vers la sortie du gouffre pour prévenir les secours. Trois heures plus tard, vers 22 h 15, les pompiers sont sur les lieux du drame, accompagnés de membres de la Fédération française de spéléologie. Un médecin les accompagne dans la descente et trouve Bastien Pédel, victime dâune perforation au poumon et autres polytraumatismes. Les secours décident de médicaliser les lieux afin de lâopérer sur place, tant lâévacuation sâannonce longue et difficile. Mais quelques minutes plus tard, le jeune homme succombe à ses blessures. Selon Jean Bancillon, président du comité départemental de spéléologie, « Bastien était un habitué de ce genre dâexpédition. Il faisait partie de lâéquipe de secours du département. Il connaissait toutes ces manÅuvres. »
Dans la nuit froide, lâinformation arrive en surface. Très vite, les pompiers et la préfecture mettent en place une cellule dâaide psychologique, afin de soutenir les camarades et parents de la victime. Mais une autre opération débute, afin de remonter le corps. « Cela va prendre beaucoup de temps, indiquait le capitaine Robert. Afin de permettre le passage de la civière, nous devons élargir les parois. Les artificiers gardois vont y travailler. » A cinquante mètres sous terre environ, sept chantiers de désobstructions à la dynamite sont ainsi nécessaires. Les travaux ont commencé hier en milieu dâaprès-midi mais sâannonçaient délicats. « Il règne une certaine incertitude sur la réaction des gaz aux explosions. Ils peuvent être aspirés au fond, stagner ou remonter à la surface », précisait Frédéric Robert. La nuit dernière, les équipes de spéléologues lozériens, en collaboration avec les pompiers, devaient débuter les premiers aménagements afin de faciliter la remontée de la dépouille. Car cet aven possède des passages vraiment étroits. Câest une succession de petits puits o๠il est difficile de se frayer un chemin. »
Le corps de la victime devrait donc être remonté aujourdâhui ou, au pire, dans le courant de la nuit. Il ne sera pas déplacé avant lâintervention du peloton de gendarmes spéléologues, arrivé hier soir des Haute-Pyrénées afin de mener les premières constatations et débuter lâenquête qui devra déterminer les causes exactes du décès.
Hier, certains se demandaient pourquoi le groupe avait choisi cette période hivernale pour descendre dans lâaven. « La période nâest absolument pas la raison première de lâaccident, répond Jean Bancillon. La température sous terre est de 10°C, plus chaude quâen surface, et les crues nâont pas atteint cette partie-là des causses. Lâaven de la Cheminée est un grand classique pour les spéléologues confirmés depuis quâun nouveau réseau de galeries a été découvert. Ce groupe lâavait déjà exploré. »
A Chanac, là o๠résidait le jeune homme, lâheure était plutôt au recueillement. Bastien Pédel participait activement à la vie de la cité, notamment par le biais du milieu associatif. Le maire de la commune, Philippe Rochoux, parlait, hier soir, « dâun choc. Un véritable drame. Chanac est un petit village o๠tout le monde se connaît. Nous sommes tristes. Pour Bastien, pour sa famille. »
Lâaccompagnateur, président du club caussenard, trop éprouvé, ne parvenait, lui, à sâexprimer. Depuis des années, il partageait avec les adolescents de nombreuses expéditions. Ce sont eux, dâailleurs, qui lui avaient demandé de préparer cette sortie de noà«l. Cela devait être une belle fête, mais le destin en a décidé autrement.
Ludovic Trabuchet
http://81.56.244.159/article.php3?id_article=602
Jeff95 ~(o|;o)