Lun. 19 Nov. 2007, 15:26
0 | 0 | ||
"La plongée solo, qu'est ce que ça implique?
Préambule
Il ne s'agit pas ici de décider du bien fondé de la démarche. Cette pratique existe, comment peut-on minimiser les risques associés? Cet article ne se veut pas complet, il y faudrait un livre de bonne taille. Mon but est plutôt d'apporter un éclairage sur la plongée solo et de susciter une réflexion chez le plongeur qui envisage de sauter le pas ou qui pratique déjà cette forme de plongée.
Précisions
La topographie du site, les conditions météo, la température, la visibilité, les courants, lâéloignement, le profil de la plongée, le but de la plongée, sont autant de paramètres infiniment variables. Un plongeur qui prend des photos par 10m de fond sur un récif des mers chaudes n'a pas les mêmes contraintes vitales qu'un plongeur spéléo qui explore de longues galeries, ou qu'un passionné de vieilles tôles qui visite des épaves dans l'Atlantique Nord. Les différents points que jâaborde plus loin sont donc à moduler en fonction du type de plongée que l'on veut pratiquer et des conditions du moment.
Qualités techniques du plongeur
Le plongeur solo doit être vraiment autonome, j'entends par là que même lorsqu'il plonge accompagné, il ne compte pas uniquement sur son équipier pour se sortir d'un mauvais pas. Cela suppose qu'il maîtrise les techniques qui lui permettront de faire face à un problème. Ceci n'exclu bien évidement pas de se faire aider de son équipier lorsqu'on en a un, il s'agit juste d'un état d'esprit et de la préparation physique et technique associée. Un exemple parmi dâautres : Le plongeur solo doit absolument être capable de fermer ou dâisoler seul et rapidement un bloc qui fuit ou dont le détendeur sâest mis en débit continu sous peine de perdre sa réserve de gazâ¦
Qualité psychologique du plongeur
Le plongeur doit avoir suffisamment de vécu pour se connaître et pour savoir qu'en cas de problème il ne paniquera pas. On ne peut bien entendu avoir vécu toutes les situations possibles mais un plongeur expérimenté aura immanquablement vécu des moments qui lui auront permis de mieux se connaître, de mieux apprécier son comportement en situation de crise. Certains parlent de peur avant une plongée solo. Peut-être la définition de peur n'est elle pas la même pour tous mais en ce qui me concerne je n'ai jamais eu peur avant une plongée. Si l'on a confiance en soi et si la plongée a été correctement préparée il n'y a aucune raison d'avoir peur. Pour moi la peur n'est pas bénéfique mais plutôt source de problèmes et signal d'alarme. Une plongée solo doit être abordée l'esprit serein. Si je devais avoir peur avant une plongée, solo ou non, j'annulerais cette plongée purement et simplement. En revanche il faut rester vigilent afin de ne pas laisser empirer une situation non détectée rapidement.
Matériel
Le matériel utilisé lors d'une plongée solo doit non seulement être fiable mais son utilisation en situation doit être connue du plongeur. Un nouveau matériel, une nouvelle configuration doivent être testés lors de plongées (bien) accompagnées, le temps de s'y familiariser. D'autre part, il faut éviter de trop en emporter. Il faut l'équipement nécessaire, juste le nécessaire.
Redondance
Redondance est le terme que l'on utilise pour dire que l'on double, à minima, les équipements nécessaires à la survie. Cette qualification de "Nécessaire à la survie" variera grandement en fonction du profil, du type, et des conditions de la plongée. Le principe de redondance doit être appliqué à toute plongée sous-plafond, à toute plongée comportant des paliers de décompression, et plus généralement, à toute plongée ne permettant pas un retour rapide en surface. Lors dâune plongée accompagnée, une partie de la redondance peut être assurée par le co-équipier mais le plongeur solo doit absolument être autosuffisant, redondance comprise. La redondance comprend bien entendu la quantité de gaz emporté ce qui suppose que l'on connaisse sa consommation dans différentes conditions et que l'on soit capable de calculer la quantité de gaz nécessaire à la plongée et à la décompression associée.
Planification de la plongée
On ne soulignera jamais assez l'importance de la planification pour le bon déroulement d'une plongée. Lors de plongées organisées par un club, une bonne partie de la planification est prise en charge par le directeur de plongée. Lorsqu'on organise une plongée solo, on est seul à décider du Ou, Quand, Comment. La planification doit couvrir des domaines aussi variés que: le choix du site, la météo, les marées, les courants, les moyens d'accès, les coordonnées des secours et les moyens de les prévenir, le profil de la plongée, le type et la quantité de matériel à emporter, le type et la quantité de gaz à emporter, le planning de décompression, les moyens alternatifs par exemple en cas de perte de gaz ou de perte ou panne d'équipement.
What If
L'expression anglaise "What if" peut être traduite par "Que faire si". Il s'agit en fait d'une série de questions que l'on se pose honnêtement. Cette méthode consiste à visualiser un par un les problèmes que l'on est susceptible de rencontrer lors de la plongée planifiée et à y apporter une réponse avec les moyens dont on disposera. Les éléments étudiés lors de la planification de la plongée doivent apporter une réponse aux "What if". Si un seul "What if" ne trouve pas de solution il faut revoir la planification de la plongée. Cette méthode a le double avantage d'anticiper les problèmes potentiels et ensuite, du fait que le problème et sa réponse ont été visualisés avant la plongée, d'améliorer la qualité de gestion du problème sâil se produit. Il est très efficace également, une fois équipé et prêt à plonger, de visualiser sa plongée encore une fois, tout en touchant le matériel associé à la réponse au problème potentiel afin de vérifier si l'équipement est bien présent et accessible, et aussi pour mémoriser le geste. Le vécu du plongeur a une grande importance dans la mise en oeuvre de cette méthode car c'est grâce à l'expérience que l'on se pose les bonnes questions.
Assurance
Lâaccident est toujours possible plongée solo ou pas. La différence réside dans le fait que la pratique de la plongée solo est prohibée par les textes régissant la plongée en France et dans quelques autres pays. Lorsque une assurance est contractée auprès d'une organisation de plongée, la garantie ne couvre le plus souvent que les plongeurs qui pratiquent lâactivité dans le respect des règles de cette organisation. Il est donc prudent de vérifier que lâassurance contractée couvre bien les accidents qui peuvent survenir lors de plongées solos.
Les autres
Le plongeur solo, cela peut paraître contradictoire, doit aussi penser aux autres. Penser à ceux qu'il laisse à terre ou sur le bateau. Si, malgré le soin apporté à la préparation, un problème survient, comment les prévenir ? Comment devront-ils réagir ? Il faut absolument leur laisser copie de son planning de plongée afin quâils sachent à tout moment o๠lâon est sensé se trouver. Il faut également prévoir des moyens de communications même sommaires. Il faut laisser des consignes claires afin que celui ou ceux qui attendent sachent quoi faire. Il nâest rien de pire quâune attente impuissante. Il n'y a pas de réponse unique à ces questions, il faut simplement se les poser honnêtement et y apporter ses réponses.
Position personnelle
Il est vain de critiquer ou dâinterdire la plongée solo. Cette pratique a existé, existe et existera envers et contre tout. Il vaut mieux former et informer quâinterdire. Au moins les plongeurs qui voudront se lancer le feront-ils dans de bonnes conditions.
Christian MONASSE"
Dans la boîte à vitesses de la connerie, y a pas de marche arrière.