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CARMAUX : des houillères aux loisirs
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L'Humanité 03 Aoà»t 2002 - SOCIETE

CARMAUX :

des houillères aux loisirs


Encore sous le choc de l'arrêt de toute activité minière, le bassin de Carmaux doit relever le défi de la reconversion. Un vaste pôle du multi-loisirs, construit sur la grande découverte minière, sera ouvert au public dans les prochains jours. Comment est accueillie cette ambitieuse réalisation ?



Département du Tarn,

correspondant régional.

Quand la mine allait bien, la musique suivait... L'ancienne harmonie des mineurs devenue, à  la veille des années cinquante, l'Union musicale de Carmaux s'est toujours accordée au ton et au rythme de l'activité des Houillères. Florissante avec l'harmonie, la batterie-fanfare puis les majorettes jusqu'au début des années quatre-vingt, elle n'a cessé ensuite de péricliter dans la période de déclin charbonnier. Le président Thierry Verdalle et son épouse, Roxane, se sont bénévolement dépensés sans compter pour revivifier l'orchestre et l'école. L'urgence a consisté à  changer d'optique afin de mieux correspondre au nouvel état d'esprit de la population. En valorisant un enseignement musical de qualité. En modifiant aussi sensiblement le répertoire. " Nous avons privilégié la variété aux marches et pas redoublés militaires. "

Cela fait cinq ans que plus une seule tonne de minerai de charbon n'est extraite du fond de la grande découverte, cette immense exploitation à  ciel ouvert située sur les communes de Blaye-les-Mines, Cagnac-les-Mines, Le Garric et Taà¯x... Cependant, l'histoire minière et sociale de tout le Carmausin imprègne toujours aussi profondément les consciences. L'exposition actuellement présentée au centre culturel Jean-Baptiste-Calvignac de Carmaux s'intitule : " Il était une fois la mine... " S'extirper d'un tel passé minier et nourricier pour toute la région - marqué tout autant par la dureté du travail que par les acquis sociaux gagnés de haute lutte et les solidarités humaines qui s'y sont tissées - reste difficile. Traumatisant aussi, car, après la mine et d'autres industries qui ont décliné au même rythme, rien de très important économiquement n'est venu à  ce jour compenser les pertes. Beaucoup de fils et de petits-fils de mineurs ont quitté le pays. En une dizaine d'années, le chiffre de la population du bassin a chuté de plus de 7 %.

Le débat sur le devenir économique et social de tout ce bassin d'emploi occupe d'autant plus les esprits que, le 10 aoà»t prochain (voir article page suivante), les premières activités d'un gigantesque pôle du multi-loisirs, baptisé Cap' Découverte, seront ouvertes au public sur le site même de la mine à  ciel ouvert. Dans et tout autour de l'immense fosse de plus de un kilomètre de diamètre et de 230 mètres de profondeur, qui, il y a peu encore, n'était traversée que par d'énormes camions-bennes de 150 tonnes et autres roues-pelles géantes.

Passer de l'univers minier à  un monde inédit de loisirs n'est pas évident. Qu'en pensent les premiers concernés, ceux qui vivent ici ? Retour au moulin de Pailhès, o๠répètent les musiciens, près de la rivière, le Cérou, et du stade de rugby. " Si Cap' Découverte devient attractif, garantit Thierry Verdale, tout le tissu associatif local devrait forcément y connaître des retombées positives. Ce serait parfait, ajoute son épouse, si, à  côté du tourisme et des loisirs, des entreprises industrielles venaient s'installer. " Aujourd'hui au chômage, Roxane a été licenciée au milieu des années quatre-vingt de la chemiserie Auro, une entreprise qui employait plusieurs centaines de femmes, épouses ou filles de mineurs, avant de réduire son activité comme une peau de chagrin au soleil. L'association Imagine Carmaux a été créée en l'an 2000 afin de réagir face au fort pessimisme qui gagnait la population locale, explique son président, Pierre Santoul. Il se présente comme un inconditionnel du pôle de loisirs. Dans l'histoire de Carmaux, la page de la houillère ne doit pas fermer le livre. Beaucoup reste à  écrire. Cap' Découverte et toute la vie du nord du Tarn doivent maintenant être étroitement liées... Anita Alègre, adjointe au maire de Carmaux, coanime l'association De quoi j'me mêle, qui organise régulièrement, au café le Gambetta, des débats citoyens baptisés ici " dialogues de comptoir ". Elle se dit persuadée que, dans leur for intérieur, les Carmausins sont favorables à  Cap' Découverte. Tout en considérant que la diversification des activités reste la seule issue économique. Si rien n'est fait en dehors de Cap' Découverte, il sera alors très difficile de faire avec Cap' Découverte.

· l'inverse de ce que l'on peut penser, assure José Sanchez, la vie du Carmausin ne s'est pas construire seulement sur la mine, mais sur plusieurs autres industries, de l'habillement à  de l'agrochimie. Le secrétaire du syndicat CGT des mineurs insiste ainsi pour combattre l'idée de fatalité et monter que les solutions d'avenir ne pourront provenir que de la diversification des investissements et des activités. La CGT n'est pas hostile à  Cap' Découverte, mais cette activité ne peut être que complémentaire au nécessaire développement énergétique et économique. Il rappelle que le charbon reste un potentiel pleinement exploitable par des technologies nouvelles. En 1998, la CGT avait proposé que soit mise en place une centrale à  lit fluidisé.

Robert Raffanel, conseiller régional de Midi-Pyrénées, et Serge Entraygues, conseiller général de Carmaux-Nord, sont les deux maires communistes du bassin. Le premier dans la commune du Garric ; le second à  la tête de la municipalité de Saint-Benoît-de-Carmaux. · ce titre, ils sont membres du syndicat intercommunal de la Découverte (SID), qui, avec le conseil général et le conseil régional, forment le SMAD (syndicat mixte pour l'aménagement de la Découverte), maître d'ouvrage du pôle de loisirs. Ils se sont prononcés en faveur du pôle de loisirs, qui, rappellent-ils, était accompagné à  l'époque d'un projet industriel conjoint. Celui d'une centrale de cogénération prévue pour traiter les résidus de charbon et produire de l'énergie utilisée ensuite par des entreprises. Ce plan a été abandonné, depuis, par la seule responsabilité du groupe industriel chargé de sa mise en ouvre. Les élus communistes considèrent d'autant plus indispensable de mener de front le projet touristique et les actions tous azimuts pour assurer et stabiliser des activités économiques créatrices d'emplois que certaines d'entreprises sont venues sur le site pour récupérer des fonds de reconversion. Elles ont précarisé l'emploi et les salaires avant de repartir vers d'autres cieux. Comme eux, le maire (PS) de Carmaux, René Frayssinet, souhaite que le désenclavement routier déjà  engagé du Carmausin s'accélère encore. Quant à  Cap'Découverte, " bien, juge-t-il, mais il n'est pas nécessaire d'en rajouter ". Et d'espérer vivement une gestion en équilibre du fonctionnement du site. Ardent défenseur du projet depuis la première heure, Paul Quilès, député du Tarn, maire de Cordes-sur-Ciel et président du SMAD, assure que l'ambition affichée par le projet est d'" offrir de nouvelles perspectives économiques à  la région ". Avec à  la clé des emplois, pas directement créés par Cap' Découverte, mais dans son sillage, " grâce à  l'image nouvelle qu'il peut donner à  la région ".

Une chance historique à  saisir pour les uns, un projet boulimique et dépensier pour d'autres. Des plus convaincus aux plus résignés, tout souhaitent cependant une mise sur orbite réussie de Cap' Découverte, le 10 aoà»t prochain. Comme l'attend Sylvie, jeune archiviste du centre culturel Calvignac : " Il faut que ça marche pour aider Carmaux et les Carmausins à  s'ouvrir. "

Avant de conclure les deux journées de reportage, une ultime visite s'impose sur la commune de Cagnac, au musée de la Mine, fondé par des retraités mineurs, puis étendu et enrichi dans le cadre de Cap' Découverte. Le parcours dans les 350 mètres de galeries souterraines jalonnées de dispositifs scénographiques ne cache pas l'insupportable. Cette exploitation forcenée dont, par exemple, étaient victimes les enfants de la mine au XIXe siècle. · l'extérieur, notre accompagnateur montre un petit dépôt de charbon étalé à  quelques mètres, puis il indique du doigt la direction de la centrale thermique Pélissier, qui, à  une dizaine de kilomètres vers Albi, fonctionne toujours, mais avec du charbon d'importation. Venu un temps de Pologne, puis plus récemment de Bolivie, parce que moins cher encore. De ces mines boliviennes o๠travaillent et meurent aujourd'hui encore au XXIe siècle débutant des enfants de huit ans. Dans ce monde, tout, ou presque, reste encore à  faire. Au charbon !

Alain Raynal


Source :
<!-- m --><a class="postlink" href="http://www.humanite.presse.fr/journal/2002/2002-08/2002-08-03/2002-08-03-007.html">http://www.humanite.presse.fr/journal/2 ... 3-007.html</a><!-- m -->
--> Même pas mort mais déjà six pieds sous terre <--
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Messages dans ce sujet
CARMAUX : des houillères aux loisirs - par Titan - Sam. 30 Nov. 2002, 23:07
mine - par Samat - Dim. 01 Dec. 2002, 09:06
[Pas de titre] - par rabelaisien - Jeu. 13 Jan. 2005, 17:46



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