Mar. 08 Juil. 2003, 17:13
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Citation :A Gorée, la visite du président Bush a plongé les habitants dans l'amertume
ILE DE GOREE (Sénégal), 8 juil (AFP) -
Sur l'île de Gorée, haut-lieu symbolique de la traite des esclaves, le président George W. Bush a solennellement dénoncé un "des crimes les plus abominables de l'histoire". Mais les habitants ont eux été profondément choqués par l'attitude des services de sécurité.
"Virés de nos maisons", "mis en quarantaine", "parqués comme des ânes", "surveillés par la police", les habitants n'ont pas de mots assez durs pour qualifier le comportement des services de sécurité chargés de protéger le président américain.
"On a été été réveillés à 05h00 du matin (locales et GMT), on a été conduits là , et c'est seulement maintenant qu'on nous a relâchés", raconte à l'AFP à la mi-journée une vieille femme en boubou orange, indiquant de la tête l'endroit éloigné de sa maison o๠elle dà» rester jusqu'au départ de M. Bush.
"On n'a pas eu le temps de se laver, de manger et on était surveillés, comme des criminels, vous vous rendez compte?", s'offusque un homme, les traits tirés.
A 07h00, la presse accréditée constate à son arrivée sur l'île un visage inhabituel de Gorée: le silence est total, à l'exception des ordres d'agents de sécurité fusant de temps à autre.
Pas un habitant visible n'est dans les rues donnant sur le débarcadère. Les jolies maisons aux couleurs d'été gardent portes et fenêtres closes. La plage, d'habitude grouillante de monde et bruyante de cris d'enfants, d'éclats de rires et de conversations de touristes, se tait.
A quelques pas du Musée historique, s'activent encore des agents de sécurité et des techniciens américains ainsi que quelques-uns de leurs collègues sénégalais.
Viennent ensuite les discours. Abdoulaye Wade parle d'"accès au marché, lutte contre les pandémies, nouvelles technologies de l'information", d'"infrastructures et d'équipements pour travailler".
George W. Bush évoque "un des crimes les plus abominables de toute l'Histoire" et du "mal aux dimensions colossales" qu'a représenté l'esclavage, mais aussi de "justice" et de "liberté".
A la fin de leurs déclarations, les deux présidents posent pour la photo, serrent quelques mains et s'en vont. Il est un peu plus de 12h00.
Sortis d'on ne sait oà¹, des enfants déboulent sur la plage, les portes et fenêtres s'ouvrent timidement, puis les maisons et ruelles ombragées laissent bientôt échapper un flot d'habitants.
"On n'a pas vu Bush, on n'a même pas vu Wade, c'est dommage", regrette un jeune vêtu d'un T-shirt de basketteur américain.
Fatou Bintou, Ndèye Fily et Madeleine, toutes élèves de l'Ecole Mariama Ba de Gorée, font partie de la poignée d'"invités" triés sur le volet ayant pu assister aux discours des deux chefs d'Etat.
Elles en sont "certes contentes", disent-elles, "mais c'aurait été mieux pour les Américains de voir Gorée avec ses habitants, dans la chaleur de l'accueil".
Au milieu d'un petit groupe de Goréens furieux de s'être fait "confisquer (leur) liberté" quelques heures, un homme affirme qu'il aura son mot à dire avant que les autorités "n'annoncent encore la venue d'un président américain", quitte à "organiser un référendum".
Le problème, estime une jeune fille toute de noir vêtue, "ce n'est pas un président américain. C'est Bush". Son prédécesseur Bill "Clinton est venu ici (à Gorée), il n'y a pas eu tout ça, et les gens n'ont pas été envoyés dans des enclos!", ajoute-t-elle.
M. Clinton, président des Etats-Unis de 1993 à début 2001, s'était rendu à Gorée lors d'une visite officielle en 1998 au Sénégal.
lafouine
http://www.cyberkata.org/
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