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[archive] Jeune à  paris No 36 Janvier 95
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Un article intéressant qui s’adressait à  un publique plutôt ado, avec encore de belle ânerie journalistique comme la mousse a raser sur les parois…
J’aime beaucoup le « les Rats, groupe de quadra, aujourd'hui plus frileux » Big Grin

Citation : Jeunes à  Paris No 36 de Janvier 1995
Paname/Paris insolite / CATACOMBES

Errances intestines d'un cataphile

Des centaines de kilomètres de galeries enchevêtrées, de tunnels, de boue, de poussière et d'humidité, de puits et de chatières, de salles et de piliers et puis des tags et des ossements, des farfelus et des passionnés, le tout à  25 mètres sous nos pieds, c'est le petit monde des cataphiles, des carrières, des catacombes, des entrailles de notre bonne vieille ville. Témoignage.

Du Xlllème siècle à  1860, Paris a tiré de son sous-sol les matériaux de sa construction. En est restée une succession de carrières souterraines, galeries, tunnels ; labyrinthe inextricable entretenu aujourd'hui par l'inspection des Mines et Carrières de Paris.
Les réseaux les plus importants se situent dans le XIVème arrondissement (plus de 70 Kms de galeries), le Xlllème, le XVème et même le XVIème o๠un véritable petit dédale de 4 Kms s'étend sous le Trocadéro. Désert et silencieux, ce monde troglodyte affiche en permanence une température de 10 à  130, des murs qui suintent l'humidité et. à  certains endroits, plusieurs centimètres de boue. Bien que son accès soit strictement interdit, de nombreux marginaux, étudiants, aiment à  s'y promener. bambocher, y errer en quête de petite et grande histoires.

Les cataphiles aiment l'histoire.
Bien sur, il y a l'exploration, l'interdit que l'on viole, l'isolement, l'obscurité et le silence, mais la plupart des cataphiles convaincus sont des amoureux de l'histoire. Fascination des vieilles pierres, de ces salles o๠des hommes ont travaillé, vécu il y a plusieurs siècles attise leur imagination et leur soif de découverte.
Là  le cabinet minéralogique, son escalier qui ne mène nulle part et ses bancs en pierre ; ici sous le lycée Montaigne, le bunker de la Kommandantur allemande et ses "baignoires" à  interrogatoires n'est séparé que de quelques centaines de mètres de celui des F.F.I., là  encore la tombe d'un gardien des sous-sols mort de faim au XVIIIème siècle rappelle que les balades souterraines ne sont pas sans danger et puis toutes ces plaques de galeries, gravées dans la pierre, effacées à  la Révolution, rétablies plus tard, etc... Autant de signes du passé qui ressurgissent au coin d'un tunnel.

Les cataphiles sont organisés
On ne descend pas les galeries des catacombes comme les Champs-à‰lysées. Dans ce désert humide et minéral, une tenue et du matériel adéquats sont recommandés : une combinaison de chantier des bottes en caoutchouc, un casque si vous craignez de vous assommer. un bonnet ou un foulard sinon, une lampe acétylène pour les habitués, des torches électriques (au moins 2) pour les autres, des bougies (pour les arrêts), des piles et ampoules de rechange, un hamac, des pitons (de préférence volés au Vieux Campeur), un pique-nique typique (raviolis, camembert, fraises Tagada, sandwichs. gâteaux.
Pour s'y retrouver, les cataphiles disposent de plans des carrières réactualisés (ouvertures et fermetures des entrées) qu'ils se repassent entre eux. Pour les nouvelles entrées, un serveur minitel* est utilisé : seuls les avertis en connaissent l'accès. Quant aux entrées, certains n'hésitent pas à  faire sauter certaines plaques soudées (80kg de fonte) pour pénétrer dans les galeries (les plaques ressemblent à  celles des égouts mais portent la mention IGC).

Les cataphiles sont disciplinés
On ne fait pas n'importe quoi dans les cata ! Un inspecteur** du commissariat du XVIIIème, devenu cataphile au fil des ans, est le spécialiste des descentes de police dans les carrières (les autres ne s'y aventurent pas !). En vérité, les habitués risquent au pire une amende (de 600 à  900 F). Seuls, les profanateurs (qui remontent des os), les taggers ou les drogués durs risquent des sanctions plus importantes. "Il y a une dizaine d'années, des petits malins avaient ouvert un ossuaire et remontaient des crânes clans des sacs postaux qu'ils revendaient 300 ou 400 F à  des étudiants en médecine."
La plupart des "dérapages" (dépouillages, violences, dégradation, etc...) sont, en général, réglés par les cataphiles eux-mêmes qui n'ont aucun intérêt à  attirer l'attention de la police. Quelques "bavures" ont ainsi été dénoncées par des cata eux-mêmes et les délinquants ont été arrêtés par l'inspecteur Salat**. Non, mais des fois ! Pour que tout ce petit monde cohabite en paix, certaines règles implicites sont établies : ici, tout le monde a un pseudo, ça permet de se faire une identité différente "d'en haut", on ne parle pas politique non plus même si on est militant du GUD ou de la ligue révolutionnaire. Des cataphiles écolos encouragent par tracts à  nettoyer les galeries et descendent des sacs poubelles que les hommes de l'inspection des Carrières remonteront à  l'occasion. En fait, les vrais cataphiles sont souvent très indépendants, des solitaires qui ne descendent en bande que pour les grands occasions (fiesta).

Les cataphiles sont joueurs
Les amoureux des catacombes n'aiment pas beaucoup ceux que l'on appelle les "touristes", les petits gars qui se lancent à  l'aventure. "En général, ce sont des nids à  emmerdes : ils se perdent, les parents et les flics interviennent et ce sont les cataphiles qui en pâtissent". Alors, suivant, le jour et l'heure, un bon cataphile se doit, soit de "remonter" les touristes égarés, soit des les perdre : en leur donnant un faux plan, en enlevant les traces de mousse à  raser qu'ils ont laissées sur les parois, en changeant les bandes de cassettes débobinées. Certains auraient même poussé le vice à  les "dépouiller". On attire les novices dans une petite salle et on les laisse repartir en caleçon. Persuasif !
Autre grand jeu : on craque des fumigènes rouges dérobés à  la SNCF pour se donner des frayeurs (Pendant 3 heures, on ne voit plus rien sur 400m). On peut aussi organiser des soirées à  thème, crêpes ou raclettes, des concerts (fin des années 80, les punks avaient leur QG dans la salle Z, vaste galerie de près de 1000 m2 et de 5m de haut) et même des rallyes en talon aiguille et robe de soirée.

Les cataphiles sont artistes
Règne par excellence de l'underground, les cataphiles se sont exprimés au fil des années sur les murs des galeries. Du simple tag aux fresques égyptiennes du "Cellier" exécutées par les élèves des BEAUX-ARTS, les "oeuvres" foisonnent : là  (sur les murs de La Plage) une immense vague, exécutées par les Rats, groupe de quadra, aujourd'hui plus frileux, ici, un Captain America plus vrai que nature ou une superbe créature aux mensurations avantageuses, des mystérieux cochons blancs ou des petits hommes "Océdar"***, autant de signes auxquels le cataphile se repère.
Et puis, il y a les tracts : tout un art ! Petits modèles de créativité ou de délires en tout genre, les tracts doivent être tirés à  très peu d'exemplaires (moins d'une cinquantaine) et dissimulés dans des "niches à  tracts". Il faut les chercher, ça fait partie du jeu. "La première fois, nous en avions fait 400 et les avions posés à  des endroits visibles, nous les avons tous retrouvés à  moitié brà»lés !" Ces tracts sont en général liés aux cata, relatent une soirée, critiquent les "touristes" ou se moquent de la police, parfois délirent mal avec textes engagés ou dessins macabres.
En bref, chacun, sous terre, fait ce qui lui plait dans le plus grand respect de la liberté d'autrui et des murs. Un microcosme auto réglé o๠la marginalité s'impose en reine.

Propos de Fabrice**** (près de 300 descentes), recueillis par Frédérique PLESSIER

LES BRUITS QUI COURENT
  1. On organiserait des messes noires dans les galeries : légende colportée par le reportage, totalement bidonné de Denis Vincenti à  Â«52 sur la Une», il y a quelques années.
    La plus importante nécropole du monde (12 millions de squelettes) reposerait dans d'immenses ossuaires sous le XIVème"
    Le Shtromleu, bête noire collée au plafond des galeries, adorerait tomber sur la tête des «touristes» et y laisser d'immondes pustules rouges avant de s'enfuir.
    Un opuscule des Parcs et jardins descendrait régulièrement pour «casser» du cataphile.
* l’article faisait référence au serveur minitel EDTA.
** Inspecteur Divisionnaire Jean-Claude Sarrate, aujourd’hui à  la retraite.
*** je pense que l’on parle des « Ombres Blanches » de Jerome Mesnager
**** Junior Big Grin
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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#2
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page 22 et 23


Pièces jointes Miniature(s)





-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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#3
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Il y a un autre article "Djeuns a Paris" la :
<!-- m --><a class="postlink" href="http://www.ocra.org/documentation/articlepresse.php?presse_id=45">http://www.ocra.org/documentation/artic ... esse_id=45</a><!-- m -->
Qui va mollo voit les panneaux.
O๠ça mène Ben Lada ?

Hey je suis pas née d'la dernière pute hein !
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