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Ouzbékistan/Kirghizistan
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Je reviens d'un voyage "routard" de l'Ouzbékistan et du Kirghizistan (25 jours) ...

Si vous avez des questions précises sur ces pays car vous envisagez d'y aller, n'hésitez pas à  me contacter !

PS : Je n'ai pas visiter les magnifiques grottes dans la région de OSH (sud du Kirghizistan) car manque de temps et la région est un peu "limite" (assez proche de Tadjikistan).
Jeff95 ~(o|;o)
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Salut,

par quelle frontière es tu passé, quel moyen de locomotion as tu utilisé, quelles sont les difficultés majeures (douanes, bandes armées, racquet...)
quel est l'état général du pays?
a te lire
Nard, ktaphile parmis les ours
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#3
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Salut,
tu peux mettre ton circuit et l'explication de comment tu as fait, merci 8) 8)
Un autre regard sur le Monde. Faire découvrir.
Globe

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#4
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Salut,

Ben kesqu'y a :|

pourquoi tu ne poste rien :?: Smile
Nard, ktaphile parmis les ours
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#5
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nard a écrit :Salut,

Ben kesqu'y a :|

pourquoi tu ne poste rien :?: Smile

je ne sais pas par quoi commencer ! Promis, je vais m'y mettre !
Jeff95 ~(o|;o)
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merci
Nard, ktaphile parmis les ours
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#7
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je suis aussi très intéressé...

pourquoi ce choix ? qu'en retire tu ?
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#8
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Temps suspendu à  Samarcande

En Ouzbékistan, l’Histoire est là , palpable, aux coins des rues. La fantastique richesse architecturale du pays autoriserait même à  fermer les yeux sur la dictature du président Karimov, estime Novaà¯a Gazeta.

Un crépuscule doré. Des peupliers élancés. Un goudron si lisse qu’il sent presque le shampooing. Ce n’est pas pour nous que Tachkent s’est fait une beauté, mais pour les banquiers, diplomates et hommes d’Etat qui étaient dans “notre” avion. Venus à  une réunion de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), ils vont prendre leurs quartiers dans des hôtels brillant de tous les feux de leurs cinq étoiles. Quant à  nous, les invités du peintre ouzbek Akmal Nur, nous serons logés tout en haut d’un immeuble de Tachkent. Son atelier sera notre camp de base avant notre départ pour les vénérables Samarcande [ancienne Maracanda, capitale de la Sogdiane, satrapie de l’Empire perse] et Boukhara.

Sur ce chemin, nous allions croiser un derviche avec son bâton, les vêtements couverts de poussière ; des femmes aux mains délicates et aux yeux persans ; une jeune beauté, un coeur pur battant dans la poitrine, une rose à  la main. Mais pour l’instant ces personnages n’étaient que des créatures du monde poétique d’Akmal, jeune homme efflanqué, peintre-philosophe exposé en Inde comme en ex-Yougoslavie ou aux Etats-Unis. Nous étions assis autour de sa généreuse table avec ses amis, et, tout en dégustant du plov [plat national, riz pilaf à  la viande de mouton], nous devisions tranquillement. Sur le mur de l’atelier, l’horloge retardait de trois heures. C’était l’heure d’Akmal.

“La principale richesse de Boukhara, ce sont ses habitants”, affirmait Irina, qui vit à  Tachkent. Le teint mat, les cheveux coupés court à  la dernière mode, des vêtements européens, elle n’avait rien à  voir avec les mythiques Orientales des tableaux d’Akmal, aériennes, immatérielles...“Et les habitants de Samarcande, comment sont-ils ?” avons-nous demandé, circonspects. “Et ceux de la vallée de Fergana ? Et de Namangan ?” avons-nous ajouté, enhardis, en évoquant de façon ambiguà« les anciens points chauds du pays [o๠se sont produits les premiers conflits socio-ethniques, à  la fin de la perestroà¯ka]. “Si vous entrez dans une maison avec de la malice dans le regard, comment pensez-vous être accueillis ?” nous a-t-on rétorqué.

Dans cet atelier, nous avons été reçus la main sur le coeur. C’est ainsi qu’on se dit bonjour et au revoir en Ouzbékistan. C’est ainsi qu’un vendeur du bruyant marché de Samarcande nous a offert sa marchandise. C’est ainsi que nous a salués, dans les montagnes, un vieil homme à  dos d’âne, et nous nous sommes souvenus des paroles d’Irina.

Celui qui décide aujourd’hui de venir visiter l’Ouzbékistan découvrira une ancienne République soviétique méconnaissable : monuments historiques restaurés, routes nouvelles, hôtels flambant neufs. C’est l’Extrême-Orient et l’Extrême-Occident qui ont les premiers compris que l’infrastructure touristique était désormais prête à  recevoir les foules. Il fut une époque o๠Samarcande était la ville préférée des touristes soviétiques après Moscou et Saint-Pétersbourg. Tous les ans, des milliers de touristes venaient des différents coins du pays. Ils se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main. Et encore, grâce à  l’agence moscovite “Le Monde des rêves”, qui a ouvert un circuit Asie centrale il y a deux ans, renouant avec la bonne vieille tradition du tourisme à  travers les anciennes Républiques de l’URSS. Ceux qui choisissent l’Ouzbékistan viennent y chercher l’Histoire vivante, loin des musées, o๠elle est souvent emprisonnée, figée. Ici, les mosquées et les mazar (tombeaux) sont toujours des lieux de pèlerinage, comme il y a un millénaire. Les ruelles de la vieille ville sont peuplées de vrais habitants. Les ateliers d’artisans, comme au Moyen Age, abritent des soufflets de forge haletant, des tours de potiers couinant et des cuves de teinturiers glougloutant. Comme si le temps n’existait pas.

Nous avons quitté Tachkent de nuit, alors que, pour l’horloge d’Akmal, nous étions en début de soirée. Ici, le temps ne file pas, il vogue, comme vogue, telle une apparition dans une ruelle, une femme de Boukhara dont le vêtement frôle le sol. Le ciel noir brille de quelques pâles étoiles. Une fine poussière ternit la route, qui longe les caravanes grises des montagnes. Mais au grand jour Samarcande nous éblouit, parée de mille couleurs vives : les coupoles [des mausolées] de Chah-i-Zinda se confondant avec le ciel, le tombeau de Mohammed Kussam ibn-Abbas, prédicateur et cousin du Prophète, les sépultures de pierre des Timourides [dynastie issue de Timour Lang, francisé en Tamerlan, qui régna de 1405 à  1507] couvertes de faà¯ence, or sur turquoise... Le mausolée d’Ibn Abbas n’est pas un simple monument historique, il attire aussi une foule de pèlerins venus implorer la santé, la richesse, une nombreuse descendance. Récitant leur namaz [prière composée de versets du Coran], ils jettent de petits messages au feu qui brà»le dans une cavité du mur. En partant, foule silencieuse, bigarrée, ils comptent les marches qu’ils descendent, suivant une antique superstition paà¯enne.

“Les religions se dissipent comme du brouillard. Les Empires s’effondrent. Mais les travaux des savants demeurent pour l’éternité”, disait Ouloug Beg, né dans le convoi militaire de son grand-père, Tamerlan. La fameuse controverse entre savants et guerriers dure encore. Nous sommes assis sur la place centrale de Samarcande, le Registan [“place de Sable”]. Deux madrasas semblables se font face, illuminées. Elles ont été édifiées au temps de l’émir savant Ouloug Beg [astronome, poète et musicien, il régna de 1409 à  1449] et d’un certain chef militaire nommé Ialangtouch [XVIIe siècle]. La première est fameuse parce qu’Ouloug Beg, auteur des tables stellaires, y a enseigné. L’autre est un monument d’orgueil. “Ialangtouch a fait construire une madrasa telle qu’il a élevé la Terre au zénith du ciel. Elle est l’étendard de leur embellissement réciproque... Les cieux en sont tombés à  la renverse d’étonnement”, est-il inscrit en arabesques sur le portail.

Côté hébergement, les nostalgiques du passé soviétique peuvent bien sà»r toujours opter pour les immenses hôtels de l’époque. Ils ont été rénovés et ne connaissent plus de coupures d’eau chaude. Mais il existe aussi de petites pensions privées, moins chères, o๠la brise nocturne berce les buissons de roses tout contre les fenêtres de votre chambre, mais surtout o๠vous découvrirez l’hospitalité ouzbèke dans toute sa splendeur. Par les sombres nuits chaudes, dans le petit verger de la maison, on vous servira du thé à  n’en plus finir, et on vous parlera de la vie en Ouzbékistan, comme aucun guide ne saura jamais le faire. Même si vous rentrez au milieu de la nuit, la propriétaire endormie ira vous faire bouillir de l’eau pour le thé et réchauffera le plov. Au bout de quelques jours, vous aurez l’impression de faire partie de la famille. Pourtant, vous ne serez qu’un étranger, accueilli comme les voyageurs d’il y a mille ans, qui arrivaient de leurs lointaines forêts nordiques dans cette terre ensoleillée de la Sogdiane iranienne [devenue à  l’arrivée des Turcs, au VIe siècle, la Transoxiane, “le pays au-delà  de l’Oxus”, aujourd’hui la rivière Amou-Daria].

“A Samarcande, pas besoin de tramway. Tout le monde va à  dos d’âne. De petits ânes, si petits que c’en est incroyable”, remarquait avec justesse le héros d’Ilf et Petrov [Ostap Bender, dans Le Veau d’or, 1931] au début du XXe siècle. Il n’y a plus de tramways, ils ont été remplacés par des minivans Daewoo, qui sillonnent la ville. Minuscules, mais très pratiques, ils sont nombreux, fiables, et vous conduisent n’importe o๠en ville en une demi-heure.

Aujourd’hui, l’Ouzbékistan entretient le culte du conquérant militaire Tamerlan et de l’astronome Ouloug Beg. L’un a fait construire des mausolées et des mosquées, l’autre une école et un observatoire. Au centre-ville s’élève une prétentieuse statue de Tamerlan. Et partout des portraits, des portraits... Un gamin de 7 ans, au teint si basané qu’il en est noir, joue au ballon contre un mur. Il s’interrompt un instant quand nous lui demandons de nous traduire la citation figurant sous l’un des portraits : “Je défendrai mon peuple moi-même.” Toutes les statues soviétiques ont été enlevées (Pouchkine est le seul épargné), on s’est lourdement tourné vers l’histoire ancienne, mais on apprend quand même encore le russe. Ici, tout le monde le parle, de l’écolier de la capitale jusqu’au vieillard du village de montagne. Une responsable de bibliothèque de Boukhara, qui donne sans hésiter des indications à  ses assistants en tadjik littéraire, nous salue à  la soviétique, en nous tendant la main et en donnant son nom de famille : Kniazeva. Elle nous explique que la bibliothèque compte encore de nombreux ouvrages russes, mais moins que dix ans auparavant. Ils sont seconds en importance, à  égalité avec les livres tadjiks. Au cours des premières années de l’indépendance [après 1991], les classiques du marxisme et les livres officiels vantant la révolution ont été mis au pilon ; on voulait aussi se débarrasser des Contes des peuples de l’URSS, à  cause de son titre, mais Mme Kniazeva a résisté.

Même si on ajoute l’âge de Moscou aux 300 ans tout neufs de Saint-Pétersbourg, et si l’on additionne l’âge de Kiev, on sera encore loin des millénaires de Boukhara et de Samarcande. Elles ont 5 000 ans à  elles deux. “Avant, à  l’époque de l’URSS, on consacrait cinq jours à  visiter Boukhara et ses environs”, se souvient la guide Dilia Iakoubovna. On parcourait longuement la ville avant de se rendre dans le désert à  dos de chameau. On recommence à  le faire, peu à  peu. A Boukhara, il n’est pas de lieu ou d’édifice qui ne provoque l’admiration, que ce soit la khanako (une maison pour les derviches, ces moines errants) ou les coupoles du marché, les rues, les bains, le minaret de Kalian ou la madrasa Mir-Arab, la statue de Hodja Nasreddine ou le palais d’été de l’émir. Partout, une fantastique richesse de formes architecturales et d’innovations techniques, une monumentalité conjuguée à  la noblesse de l’âge. Sans vouloir contrarier Tamerlan, je crois qu’il a eu tort de transférer sa capitale à  Samarcande, joyeuse et colorée, estimant Boukhara trop conservatrice et réservée.

Chakir, maître forgeron, sort de son atelier, met sa tioubetieà¯ka [couvre-chef d’Asie centrale] et s’assied près de nous. Il croise ses mains, fortes, infatigables, belles. Il affiche un sourire radieux. On voit qu’il est heureux de recevoir des invités. Il ne travaillera plus aujourd’hui. Des touristes étrangers sont là , ils ont jeté un coup d’oeil à  sa forge, soupesé son marteau. “Avant, il y avait des gens extraordinaires, sociables, heureux d’avoir des contacts les uns avec les autres, nous confie usto [maître] Chakir. Aujourd’hui, il n’y a plus que des morts vivants. Tout a changé. Il y avait de si grands écrivains, des poètes, Khayyam, Navoyi, Gogol, Blok, Essenine...” Intarissable, il continue à  nous faire part de ses réflexions : “Je regrette l’URSS. Votre Poutine, il est formidable. On le voit à  la télé. C’est vrai que c’est dur de vivre en Ouzbékistan. Mais, tant qu’on a un métier, on est vivant.” Son métier, il le tient de son père. Chakir le forgeron est installé sous l’une des trois coupoles du marché consacrées aux bijoutiers. Il y a aussi celle des marchands de couvre-chefs et celle des changeurs (datant du XVIe siècle, quand même). Les étrangers sont très nombreux, mais les Russes ont disparu. Alors que du temps de l’URSS... Et Chakir, combien de fois n’est-il pas allé à  Moscou ! Le dur travail de maître Chakir résonne fort et sent le brà»lé. Il sculpte le cuivre, l’acier, le fer. Il forge des sabres, des couteaux et des chandeliers, fait sortir de ses mains des oiseaux au long bec recourbé, des ciseaux à  broder. A notre départ, les douaniers ouzbeks qualifieront ces bijoux d’“objets piquants et tranchants” prohibés et chercheront à  déterminer leur valeur culturelle et historique, qui est indéniable.

Dans la presse russe, l’Ouzbékistan d’Islam Karimov est généralement qualifié de dictature. Ne discutons pas. Mais cette dictature, fortement inspirée du passé soviétique, a aussi ses mérites. Au milieu des années 90, la situation était telle que Saint-Pétersbourg “la mafieuse”, à  côté, semblait un jardin d’enfants. Dans les profondeurs du gouvernement, on décida alors de lutter contre la criminalité. Pendant une année entière, personne ne toucha aux bandits, on se contenta de les surveiller, et un beau jour, en soixante-douze heures, tous furent arrêtés. C’est sans doute une légende. En tout cas, une agression est ici un événement, qui alimente les conversations pendant six mois.

L’Ouzbékistan est bien plus petit que la Russie. La terre disponible, celle qui n’est pas rongée par le désert, est cultivée avec soin. Nous avons parcouru des centaines de kilomètres sans voir la moindre parcelle en friche. Vergers, champs de coton, potagers, et pavots, pavots, pavots... Pour évoquer l’Ouzbékistan, il faudrait plus de mille et une nuits. Pour comprendre l’Orient, il faudrait plus d’une vie. Mais on peut y passer quelques merveilleuses journées. Le temps s’écoule sans hâte, chaque pierre est chargée d’Histoire, les gens portent leur main à  leur coeur pour vous saluer. Cette terre attend le voyageur.

Lilia Moukhamediarova, Victoria Tchoutkova, Orkhan Djemal, Novaà¯a Gazeta, Moscou

<!-- m --><a class="postlink" href="http://www.courrierinternational.com/voyage/Articles/ASIE/uz01-081003.htm">http://www.courrierinternational.com/vo ... 081003.htm</a><!-- m -->
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Ouzbekistan,
reconstruction identitaire ...
ou restauration architecturale?


Par Rémi Frémont et Emmanuelle Roux

D'une très grande richesse ornementale et témoignant d'une étonnante habileté dans la maîtrise de l'espace, le patrimoine architectural ouzbek a connu -parfois subi- de nombreuses campagnes de "mise en valeur". Celles-ci ont permis il est vrai la préservation de nombreux monuments, mais elles leur ont aussi souvent fait perdre une grande part de leur signification sociale ou urbaine.

Un style séculaire, symbole d'une grandeur passée.

Conquises par les Arabes dès 712, les oasis de Samarcande et Boukhara devinrent rapidement de brillants foyers de culture islamique, et les capitales de puissants empires. Mosquées, madrasas (écoles coraniques), khânaqâhs (couvents soufis), mausolées et caravansérails furent érigés un peu partout, dans les villes, mais aussi le long des routes caravanières et aux abords des lieux saints. Une école architecturale naquit alors, pour s'épanouir sous le règne de Tamerlan (1336-1405). Même s'il ne reste que très peu de monuments édifiés par ce grand conquérant, les types élaborés ou développés alors se déclinèrent jusqu'à  la chute des derniers émirs de Khiva et Boukhara, en 1920.

Ces édifices s'organisent en général autour d'une vaste cour centrale, carrée ou rectangulaire. Sur les axes principaux, se dressent de larges portails, les iwâns. Autour de ce vide régulier, se développe le bâtiment: des cellules, sur un ou deux étages, peuvent accueillir pélerins, étudiants, commerçants ou animaux. Dans les angles, sont logées les salles principales: salles de prière, salles de cours, mausolées. L'édifice est fermé vers l'extérieur, et prend parfois des allures de forteresse. On y accède en passant sous un iwân monumental, recouvert de carreaux de faà¯ence colorée. Une ou plusieurs coupoles visibles de l'extérieur couronnent les espaces principaux (fig. 1 et 2).

Cette architecture régulière et symétrique, composée de grands volumes simples, est mise en valeur par une abondante décoration: fins motifs de brique cuite ou émaillée, revêtements de majolique composent arabesques, dessins géométriques et écritures sacrées. C'est une véritable peau qui vient recouvrir les parties les plus importantes de l'édifice. Les iwâns, les tambours des coupoles, le mihrab des salles de prière sont systématiquement parés de ces décors. Ce sont en général des formes géométriques simples, assemblées et déclinées à  l'infini. Elles forment ainsi des compositions très complexes, mais paradoxalement très faciles à  reproduire : un seul motif donne la clef de toute la composition.

Toutefois cette architecture, sous ses dehors puissants, est très fragile. Les faà¯ences, les décors de briques, les parements qui la recouvrent nécessitent un entretien régulier. Même si les mortiers (à  base d'argile) étaient d'une qualité remarquable, les tremblements de terre, et de façon plus générale, le temps les ont mis à  mal. Sur la plupart de ces monuments, il ne restait il y a dix ans que quelques fragments de décoration sur de grands murs nus.

La structure en brique s'est quant à  elle assez bien conservée: la grande plasticité du matériau, la qualité des joints ont conféré aux constructions une certaine souplesse et une homogénéité qui leur ont permis de résister jusqu'à  nos jours. La conception même des bâtiments y est pour beaucoup: ils reposent sur des fondations profondes. Des poutres de bois, liées entre elles par des attaches métalliques, ceinturent l'édifice à  sa base, et empêchent les murs de s'écarter en cas de secousse sismique. Les coupoles sont doubles. Une première voà»te vient couvrir l'espace interne, et par sa masse, abaisse le centre de gravité de l'édifice. Un bulbe placé sur un tambour se superpose à  cette première coupole. Repère extérieur, symbole de la sainteté du lieu, il est visible de loin, donc haut et souvent élancé. Pour le rigidifier, des ailettes de brique et des tirants de bois sont placés à  l'intérieur. L'ensemble est donc théoriquement très solide (fig. 3).

Bien plus que les tremblements de terre, les hommes sont les principaux responsables de la détérioration ou de la disparition des monuments architecturaux. L'ancienne Transoxiane a connu de très nombreuses guerres et invasions, et la plupart des villes de la région ont été plusieurs fois mises à  sac. Les édifices antérieurs aux années 1220-1227 (invasions mongoles de Gengis Khan) se comptent ainsi sur les doigts d'une main. D'autres ont subi des reconstructions, soit parce qu'ils ont été ruinés, soit parce que jugés trop pauvres ou contraires à  la nouvelle religion par le dernier commanditaire. Certains sont restés inachevés. Le manque de moyens, enfin, n'a pas toujours permis l'entretien nécessaire.

Un patrimoine "stérilisé" à  l'époque soviétique

C'est à  l'époque soviétique que les plus grandes détériorations ont eu lieu. L'attitude des dirigeants a été à  cet égard tout à  fait ambivalente. Si un grand nombre de monuments ouzbeks a disparu -on estime par exemple que 40% des monuments de Boukhara ont été détruits entre 1924 et 1991- pour des raisons politiques ou urbanistiques, un nombre tout aussi conséquent est entré au patrimoine national et a été l'objet de campagnes de fouilles archéologiques et de restaurations exemplaires. Les concepts de "ville-musée" ou de "musée en plein air" ont ainsi profondément modifié le visage des villes historiques. Dans la plupart d'entre elles, on a dégagé les édifices les plus remarquables de la gangue de maisons et de boutiques qui les entourait. L'idée était par exemple à  Boukhara de reconstruire entièrement la ville sur la base d'un quadrillage régulier (fig. 4). On aurait ainsi pu admirer les chefs-d'oeuvre des générations passées, tout en bénéficiant de tout le confort moderne dont les urbanistes de Moscou ou Tachkent pouvaient rêver pour les populations locales[1]... Heureusement, de tels plans furent abandonnés: il était plus simple de construire des villes nouvelles en périphérie du centre ancien. Cependant le concept d'édifice ou de ville "bijou architectural" visible de toute part et entouré d'un écrin de végétation - qui séduit d'ailleurs encore les esprits[2]- a donné lieu à  de nombreuses "mises en valeur" de sites. La perception des édifices en a été complétement modifiée (fig. 5 à  8).
Ce curetage a également eu une incidence sociale et économique importante. En effet, les édifices, points de repère de la cité, se situaient toujours le long des voies principales. Véritables objets de représentation bâtis à  la gloire de leur commanditaire et de la cité, ils étaient aussi le centre de la vie civique tandis que les bazars et les bassins attenants constituaient les principaux lieux de rencontre. En transformant les édifices publics religieux en objets purement architecturaux et en déplaçant les bazars en périphérie, on a profondément bouleversé les structures de la vie traditionnelle, au profit d'un mode de vie plus conforme au modèle soviétique. Les monuments anciens ont alors perdu tout rôle social. Ils ne sont depuis que des objets stériles, sans vie. Les restaurations soviétiques -et la plupart de celles entreprises aujourd'hui- différent donc fondamentalement des travaux et aménagements pratiqués dans d'autres parties du monde musulman. L'entretien, la restauration ou le remaniement des édifices religieux constituent en effet une vieille tradition musulmane. Mais ces bâtiments, pour la plupart encore en activité, ont conservé leur fonction symbolique ou religieuse, et demeurent emblèmatiques d'une culture vivante. Les revêtements des monuments d'Ispahan ont ainsi pour la plupart été refaits depuis les années 1960. De même, une grande partie des faà¯ences extèrieures du Dôme du Rocher (687-692) à  Jérusalem a été remplacée à  l'époque ottomane, une charpente métallique et une couverture en aluminium ont été posées à  la places des anciennes en 1964, pour éviter tout risque d'incendie.

Quand la reconstruction identitaire l'emporte sur la restauration architecturale...

Depuis l'indépendance en 1991, tout a été mis en oeuvre pour offrir un nouveau visage au pays, plus conforme à  son passé prestigieux. Les jubilés de Samarcande, Boukhara et Khiva, décrétés plus ou moins arbitrairement en 1997, ont servi de prétexte à  de nouvelles campagnes de restauration. Cette attention aurait pu être louable si les moyens mis à  la disposition des services des monuments historiques avaient été à  la hauteur des ambitions du gouvernement. Mais la plupart des travaux effectués jusqu'à  maintenant se sont faits dans l'urgence, et la qualité de l'ouvrage est souvent faible.

La mosquée Bîbî Khanum de Samarcande (1398-1405) est sans doute l'exemple le plus emblématique de la politique actuelle de restauration en Ouzbékistan. Erigée par Tamerlan, elle était l'une des plus grandes mosquées du monde musulman. Ses portails gigantesques (35 mètres de haut) témoignaient de la puissance de leur commanditaire. Mais, construit trop vite et avec un matériau trop peu résistant, l'édifice commença très vite à  s'effondrer: les limites plastiques de la brique avaient été dépassées. Les tremblements de terre, à  la suite desquels il ne fut pas réparé, achevèrent de le ruiner (fig. 9). Depuis quelques années, la reconstruction de la salle de prière et du portail d'entrée a été entreprise. Des arches de béton ont été lancées pour reconstituer les iwâns d'origine, et les façades sont presque achevées. Personne ne sait si l'édifice doit être entièrement reconstruit ou non, ni combien de temps dureront encore les travaux... Mais une chose est sà»re: leur ampleur est telle qu'on peut maintenant parler de reconstruction, et non plus de restauration (fig. 10). La mosquée de Bîbî Khanum n'est pas un cas isolé : un peu partout dans le pays, on tente de redonner aux édifices les plus importants un visage qu'ils n'ont peut-être jamais eu, les sources archéologiques qui servent de bases aux interventions (récits de voyageurs, miniatures,...) étant souvent très maigres. La "véracité archéologique" et la qualité de l'ouvrage importent en fait assez peu: il faut avant tout recréer des symboles, pour affirmer une nouvelle identité.

La campagne de restauration menée actuellement en Ouzbékistan semble avoir pour but de redonner une splendeur passée à  des édifices reconnus pour leur valeur ou leur représentativité historique et architecturale. Toutefois, ils restent détachés de leur contexte urbain, social et religieux. Ils ne sont plus que de beaux objets, des monuments au sens étymologique: des ouvrages destinés à  commémorer une époque révolue. Ils n'ont d'autre utilité que celle d'une certaine représentation, politique ou touristique. Un problème qui n'est pas l'apanage de l'Ouzbékistan... Quelle vie redonner à  ces édifices ?

[1] Cette pensée urbanistique était assez répandue à  l'époque, et était directement inspirée des principes que Le Corbusier avait énoncé dès 1925 dans son célèbre Plan Voisin pour Paris.
[2] Voir par exemple les titres des monographies: MANà•KOVSKAYA L.Yu, Bukhara, muzei pod otkrytym nebom (Boukhara, un musée à  ciel ouvert), Tashkent, 1992. Et : U.N.E.S.C.O., Bukhara, an oriental gem, Tashkent, Sharq, 1997, 223 p.

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Globe

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Voici mon petit c/r de voyage (avec 1 mois de retard) concernant l'Ouzbekistan et Kirghizistan (1 au 25 aout 2003) :

Avant le départ

Visas : au alentour de 60$ à  PARIS - 10 jours
Depuis le début d'année, il ne faut plus de lettre d'invitation pour l'Ouzbekistan, ce qui ralentissait grandement le tourisme !
Il faut en profiter car le pays à  un "potentiel" touristique énorme... avant l'arrivée massive des touristes !

Guides :
LONELY PLANET (anglais), la référence mais date de 3 ans
Guide ARTHAUD - objectif Aventure (français), pas mal du tout
Guide OLIZANE (français) ... belles photos mais à  ne pas prendre !

Billet d'avion :
AEROFLOT (via Moscou) : 676€
OUZBEK AIRLINE (direct) : 656€ (anciennement AEROFLOT)
et d'autres... mais bcq plus cher !

En gros, mon voyage s'est passé en 2 parties : 12 jours en OUZB et 12 jours en KIRG. Je suis parti en indépendant (avec un pôte), avec "juste" un sac à  dos (encore que !).

Arrivé à  Taskent (capitale OUZB) à  2h du mat, l'Aeroflot a eu la bonne idée de paumer mon sac à  doc. Après avoir attendu 3 vols venant de Moscou, je me suis "cassé" après avoir signé une déclaration de perte de sac à  dos.

J'étais prèt à  voyager pdt 25 jours avec en tout et pour tout le LP, mes papiers, 1 rouleau de PQ, 1 plaquette d'immodium et 1 paire de BAB (bouchon anti bruit) !!! Mais ça se fait !

Un truc important aussi, c'est de bien déclarer tous ses travellers chèques à  l'entrée du pays et garder ce papier... sinon impossible de les échanger.
CB acceptée à  la Capitale et dans 3 ou 4 grandes villes.

Visite classique des magnifiques villes de la route de la soie : SAMARKAND - BOUKHARA - KHIVA - TASHKENT.
Nuit en Bed&Breakfast pour environ 10 à  15€ pour 2 (sauf à  TASHKENT - prix pour 1).
Déplacement en bus ou taxi collectif sans problème (faut juste savoir négocier !).

Les Ouzbeks sont "super" accueillants. A BOUKHARA et SAMARKAND, on a visité la ville avec des étudiants qui voulaient simplement améliorer leur anglais.

Pas de galère en particulier, j'ai juste racheter des T-Shirts, des calbuts et affaires de toilette.

Par contre, attention à  la Police : C'est des racketeurs officiels ! Un policier est payé 25€ par mois environ, et double son salaire grace au racket !
Tous les 20kms, il y a des flics qui mettent des prunes pour n'importe quelle raison (éviter de louer une voiture ou seulement avec un conducteur Ouzbek).
A TASHKENT, c'est dans le Métro qu'ils forcent les touristes à  échanger leur dollar à  un taux préférentiel ! On a rencontré 2 couples qui s'était fait déplumer.
Actuellement, les français vont à  l'ambassade de France et réclament une "lettre de protection" pour ne pas se faire emmerder par les keufs locaux.
Et effectivement, KARIMOV, le dictateur local a fait disparaître tous les mafieux... pour les remplacer. Sa fille est une des 10 plus grosses fortunes du monde !

(à  suivre pour le KIRGHIZISTAN)

Merci à  Globe pour ces compléments d'info (les miens sont issus principalement des rencontres avec des locaux ou des expatriés français)
Jeff95 ~(o|;o)
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Jeff, as tu pu gouter à  ce divin breuvage dont j'ai oublié le nom et qui est fait à  base de lait de jument fermenté ... miam miam Sad
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#12
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pouach a écrit :Jeff, as tu pu gouter à  ce divin breuvage dont j'ai oublié le nom et qui est fait à  base de lait de jument fermenté ... miam miam Sad

non... on y a eu droit au KIRGHIZISTAN : c'est du "koumisz"... mais on a surtout eu droit à  de la Vodka (lithuanienne, estonnienne, ...).

En OUBEKISTAN, c'était Thé Noir... et Bière !
Jeff95 ~(o|;o)
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#13
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Ah oui, le "fameux" Khoumisz ... honnètement, c'est pas très bon ?
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#14
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pouach a écrit :Ah oui, le "fameux" Khoumisz ... honnètement, c'est pas très bon ?

Tu plaisantes ? c'est carrément dégueu !!! je vieillis...

Mais il y a 4 ans en Mongolie, j'y avais pris goà»t (trek de 10 jours de Yourt en yourt !)
Jeff95 ~(o|;o)
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#15
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Merci pour se decriptif interessant les gars, Big Grin je mail tous à  mon frère qui est actuellement au Viet Nam et qui envisage de passer par la terre pour aller ds ces pays
Nard, ktaphile parmis les ours
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