Dim. 02 Mars 2003, 07:51
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SI ON NE PEUT PAS parler de psychose, un sujet alimente en ce moment toutes les conversations du côté de l'avenue Choisy : va-t-on prendre les immeubles sur la tête ? Mercredi soir, en effet, l'apparition d'un nid-de-poule a créé l'événement, après l'affaissement de terrain qui s'est produit le 15 février dernier. Minuscule (à peine 60 centimètres de diamètre), ce petit trou situé sur un passage clouté de l'avenue d'Italie a mobilisé sapeurs-pompiers, policiers, élus, entre autres. « J'ai pas peur... mais, heureusement, je pars bientôt ! » explique la fleuriste située juste en face. Le bijoutier d'à côté, lui, commence en revanche à se poser pas mal de questions : « Moi, ça me fait peur. Vous imaginez si ma boutique s'effondre ! Maintenant, je gare ma voiture loin, au 4 e sous-sol d'une tour, en espérant que tout ne s'écroulera pas dessus. »
« Je n'ai plus confiance du tout. Il faut arrêter le chantier Météor » Habituée du quartier, Estelle s'inquiète aussi : « Même si je n'y pense pas à chaque minute, cela me fait peur. Normalement on se dit qu'on peut faire confiance aux géologues, qui suivent le bon déroulement d'un chantier. Mais, aujourd'hui, je n'ai plus confiance du tout. Il faut complètement arrêter le chantier Météor, et nous, riverains, on doit se mobiliser », considère la jeune femme de 27 ans. Pour autant, tout le XIII e n'est pas en émoi : « Tout le monde en parle, mais il se passe la même chose ailleurs sans que l'on soit forcément au courant. Paris est un gruyère, un bien vieux gruyère », indique Magali, habitante de la rue de la Vistule. Un point de vue partagé par le maire de l'arrondissement, Serge Blisko : « Des fissures comme celle de mercredi soir, il y en a dans tout Paris. Et celle-ci est, à mon avis, plutôt due au passage des camions avenue d'Italie, il n'y a pas de travaux au-dessous, rappelle le maire. Il faut que les gens se calment, l'accident de l'école Auguste-Perret reste exceptionnel. » Autour du trou de l'école Auguste-Perret, peu de changement depuis dix jours, si ce n'est l'arrivée du bus d'information (lire ci-dessous). Mercredi soir, un camion-toupie tournait inlassablement, afin d'injecter des tonnes de béton dans le sous-sol. Et en attendant la fin des travaux de consolidation, plusieurs personnes ont dà» évacuer leur habitation : « On est bien logé, on a un beau deux-pièces, j'ai vue sur le Sacré-Coeur et la tour Eiffel... En revanche, je n'ai plus accès à ma maison. Pour y aller, il faut demander l'autorisation à la RATP et à la préfecture de police, je n'ai même plus les clefs », explique une habitante du 103, rue de Choisy. « Tout le monde a été très sympa, la RATP nous demande des factures pour nous rembourser de tous les frais, c'est sans souci. Mais il n'y a rien à faire. Je n'ai plus envie de rentrer chez moi. »
AVENUE D'ITALIE (XIII e ). Mercredi soir, après la découverte par un passant d'un léger affaissement sur un passage piéton, des sondages ont été effectués à l'aide d'un marteau-piqueur (à gauche). Très limité, le trou, rebouché par la suite, n'a rien révélé d'inquiétant. Mais deux semaines après l'effondrement à l'école Auguste-Perret, la crainte des riverains a été ravivée.
Arnaud Murati
Le Parisien , vendredi 28 février 2003
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