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Version complète : Secours au Nanga Parbat
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Comme beaucoup, j'ai suivi ce secours en très haute montagne avec la résignation de circonstance compte tenu de la connaissance des risques encourus et de l'engagement des alpinistes en question (en clair, il savaient où ils mettaient les pieds et leur engagement était à la hauteur).

Très content que l'une d'entre eux s'en sorte et malgré tout triste pour le malheureux compagnon de cordée abandonné en route, je lis avec stupéfaction ce matin, cet article qui rapporte qu'Elisabeth Revol dénonce la lenteur des secours...

https://www.francetvinfo.fr/sports/sport...99296.html

Comme bien des contributeurs de la partie "commentaires" du site d'information, ma première réaction est de me dire "elle est gonflée quand même" !

Puis, je me suis dit que lors de cette conférence de presse, que je n'ai pas vue, elle aura pu regretter que ces secours ne se soient pas mis en place assez vite du fait de négociations difficiles avec les autorités locales. 

Les journalistes auront alors eu tôt fait de tordre son propos pour lui donner cette accroche polémique qui plait tant au français moyen, prompt à hurler à l'insouciance et au remboursement des frais de secours (sauf quand il faut aller les chercher hors piste avec un genou luxé)...

Je penche pour cette version, car je ne peux imaginer un tel cynisme de la part de personnes de ce niveau d'engagement.

D'autres avis ?

-Bhv-
(Jeu. 08 Fév. 2018, 10:26)Bhv a écrit : [ -> ]Comme beaucoup, j'ai suivi ce secours en très haute montagne avec la résignation de circonstance compte tenu de la connaissance des risques encourus et de l'engagement des alpinistes en question (en clair, il savaient où ils mettaient les pieds et leur engagement était à la hauteur).

Très content que l'une d'entre eux s'en sorte et malgré tout triste pour le malheureux compagnon de cordée abandonné en route, je lis avec stupéfaction ce matin, cet article qui rapporte qu'Elisabeth Revol dénonce la lenteur des secours...

https://www.francetvinfo.fr/sports/sport...99296.html

Comme bien des contributeurs de la partie "commentaires" du site d'information, ma première réaction est de me dire "elle est gonflée quand même" !

Puis, je me suis dit que lors de cette conférence de presse, que je n'ai pas vue, elle aura pu regretter que ces secours ne se soient pas mis en place assez vite du fait de négociations difficiles avec les autorités locales. 

Les journalistes auront alors eu tôt fait de tordre son propos pour lui donner cette accroche polémique qui plait tant au français moyen, prompt à hurler à l'insouciance et au remboursement des frais de secours (sauf quand il faut aller les chercher hors piste avec un genou luxé)...

Je penche pour cette version, car je ne peux imaginer un tel cynisme de la part de personnes de ce niveau d'engagement.

D'autres avis ?

-Bhv-

Je pense que toute critique constructive et pouvant par la suite a améliorer de futurs secours est toujours la bienvenue, indépendamment de la personne qui l'émet (secouriste ou victime)
Citation :Sans compter la surenchère sur les prix, "partis de 15 000 dollars et montés à 40 000" pour finalement être exigés "en cash sur la table". La lenteur de préparation des engins, "jamais prêts à décoller au lever du soleil"; des "refus d'autorisations" et évidemment "la météo". L'ambassade de France, investie dans la partie diplomatique, n'avait pas de liquide dans son coffre, celle de Pologne si (30 000 dollars), "le reste, ce sont ses employés qui les ont donnés", a raconté Masha Gordon, alpiniste russo-britannique.

J'y connais rien, mais les journalistes non plus, alors j'ai des questions sans réponse :

La surenchère, elle n'est pas liée au fait que le mec a une boite qui ne tourne qu'à condition d'avoir un hélico ? Et qu'on demande à celui-ci de décoller et voler dans des conditions difficiles ? Si on me demande de prester en prenant le risque de casser mon outil de travail, normal que j'augmente la mise, non ? Idem si je risque de buter mon employé en y l'y envoyant.

Les autorisations non-délivrées, c'est pas potentiellement le même délire ? Quand c'est une administration étrangère qui ne laisse pas faire les français ce qu'ils veulent, comme ils veulent, c'est forcément une mauvaise décision d'un pays auquel on a tout à apprendre ? Est-ce que la France accepte les équipes de secours étrangères venir se substituer aux siennes sans sourciller ?

Et pour la thune, pourquoi c'est les autorités consulaires qui sont sollicitées ? Y'a pas des assurances de prises pour ce genre d'activités à risque ? Avec rapatriement, coordination, etc. couverts par le PAF ?
Elle dénonce le fait que ça aurait pu être mieux organisé, elle est en colère car son compagnon de cordée est mort notamment à cause d'incompréhensions dans les sms échangés :

Citation :« On m’a dit : Si tu descends à 6 000 m, on peut te récupérer et on peut récupérer Tomek à 7 200 m (en hélicoptère). Ça s’est fait comme ça. Ce n’est pas une décision que j’ai choisie, mais qui m’a été imposée. »

A Tomek qu’elle quitte alors, elle dit simplement : « Ecoute, les hélicos arrivent en fin d’après-midi, moi je suis obligée de descendre, ils vont venir te récupérer ». Elle envoie le point GPS de sa position, protège son ami tant bien que mal et, persuadée d’une issue heureuse, part « sans rien prendre, ni tente, ni duvet, rien ». « Parce que les hélicos arrivaient en fin d’après-midi »


N'empêche, pour moi, ces alpinistes savent ce qu'ils font, et connaissent les risques encourus, faut pas déconner.
Je trouve ça grandiose comme aventure, ça me fait rêver, leur courage est louable, mais je trouve ça aussi très limite de tout miser sur les secours et de s'en plaindre ensuite, surtout dans l'Himalaya où on sait qu'ils sont très difficiles à mettre en place (et encore plus au Pakistan, pas habitué à déclencher ce type de secours).
C'est déjà pas mal de pouvoir espérer un éventuel secours dans ces conditions ! Il y a 30 ans, ces secours n'existaient pas, du coup l'engagement n'était pas tout à fait le même...

Du coup, je pense qu'elle est en colère contre la mort elle-même... Inconsciemment, elle s'en veut et elle en veut à la terre entière...


Stéphane Benoist, guide de haute montagne et spécialiste de ces conditions extrêmes :

Citation :« Ils savaient très bien à quoi ils jouaient, ils n’étaient pas là par hasard, ni l’un ni l’autre »

« Quand on gravit des 8 000 mètres, on connaît le coût social, familial, économique aussi. On sait tous ce qu’on risque et on fait le choix en conscience. »

D'accord avec lui.
Douleur, culpabilité, colère, c'est un peu tout ce qui t'arrive pendant un deuil, t'as le même genre de réaction si un ami meurt, quelle que soit la circonstance.
je pense pas qu'il y ait grand intérêt à lui donner la parole si vite après le drame, mais bon, il faut bien remplir les journaux.
Hidalgo, démission !