Citation :La cour d'école s'effondre, la RATP accuse le sous-sol
Sur le chantier Météor, on parle de trois facteurs associés.
 
Sans vouloir «céder à  la panique», Bertrand Delanoà« a souligné qu'il était «essentiel de [se] préoccuper du problème du sous-sol parisien dans son ensemble».  

Trois jours après l'effondrement de la cour de l'école maternelle Auguste-Perret, dans le XIIIe arrondissement de Paris, les premières explications sont avancées par les responsables du chantier du métro Météor voisin. Pour Francis Guittoneau, directeur du projet à  la RATP, il s'agirait d'un véritable «accident géologique», a-t-il déclaré hier. Il serait dà» à  une conjonction de trois facteurs. Primo : «Le calcaire était de très mauvaise qualité sur cette zone.» Hasard malheureux, des forages avaient effectivement été réalisés, mais de part et d'autre de la zone concernée. Ils n'avaient révélé aucune anomalie, d'après la régie. Secundo : «La zone située sous l'école était plus large que la normale puisqu'elle était destinée à  l'atelier de maintenance.» Tertio : le chantier en était arrivé à  Â«la phase de travaux la plus délicate, puisqu'on creusait la voà»te mais le revêtement n'était pas encore posé». Une enquête interne devrait être prochainement mise en place. Elle sera menée par un service spécialisé de la régie, chargé des questions de sécurité.

Règles de l'art. Du côté de chez Bouygues Construction, chargé des travaux, on renvoie au maître d'ouvrage en rappelant d'abord que «la société a réalisé le projet conçu par la RATP». On assure ensuite que «tout a été exécuté dans les règles de l'art et contrôlé de façon très précise par la RATP et par nous-mêmes. Nous sommes face à  une situation que nous considérons comme imprévisible».

Emotion. Sur place, l'émotion des riverains reste forte. Farid, père de deux enfants de l'école, a encore des larmes dans la voix quand il raconte que ses «enfants auraient pu se trouver dans l'école au moment de l'accident». Maintenant, il veut en savoir plus. Que vont devenir les enfants ? Les abords de l'école sont-ils sà»rs ?

Les élus parisiens venus constater les dégâts ont promis d'apporter des réponses. Bertrand Delanoà« a annoncé que la mairie de Paris avait déposé le dossier au tribunal administratif en référé «afin que la justice puisse immédiatement s'en saisir et élucider les causes de l'effondrement». Sans vouloir «céder à  la panique», le maire a souligné qu'il était «essentiel de [se] préoccuper du problème du sous-sol parisien dans son ensemble». Yves Caristan, directeur du Bureau de recherches en géologie minière, a été chargé de conseiller la mairie sur ces questions.

Reste le problème de la sécurité de l'ensemble du périmètre entourant l'école. L'avenue de Choisy et la rue Auguste-Perret sont interdites à  toute circulation. Mais les habitations environnantes n'ont pas été évacuées. Des relevés topographiques continuent à  être effectués sur place, sans révéler de nouveaux mouvements du sol. A la suite d'une concertation avec la RATP et Bouygues Construction, la préfecture de police devra déterminer demain s'il convient d'élargir ou non le périmètre de sécurité.

Rentrée. Quant aux élèves du groupe scolaire Auguste-Perret, ils pourront, promesse du maire, effectuer une rentrée scolaire dans de bonnes conditions le 24 février. Les élèves de maternelle «seront relogés à  proximité immédiate, dans le XIIIe. Quant aux autres, nous essaierons de leur trouver les lieux les plus proches possible», a indiqué le maire de Paris. Tous seront répartis par classe, avec leur instituteur habituel, assure Bertrand Delanoà«. Leurs parents devraient recevoir un courrier d'information avant la fin de la semaine. Une nouvelle réunion d'information sur le reclassement des élèves est prévue ce soir à  la mairie du XIIIe arrondissement.

Par Fabienne SUPIOT et Ludovic GONTY
Libération
Mardi 18 février 2003