Citation :Gouffres et grottes à  la reconquête des touristes
26/06 12:57 - AFP

Confrontés à  la concurrence des parcs d'attraction, bases de loisirs ou sports nautiques, les grottes et les gouffres aménagés pour le tourisme enregistrent une baisse de fréquentation régulière, le nombre de visiteurs étant passé en dix ans de 7 à  5,5 millions.

Le gouffre de Padirac (Lot), premier site spéléogique de France, célèbre pour sa voà»te de 94 mètres garnie de stalagmites et stalactites de 60 à  75 mètres de haut, a ainsi perdu en une décennie 100.000 visiteurs (355.000 en 1999 contre 461.000 en 1991). La clientèle, familles, groupes et scolaires, est francaise à  75%. Britanniques, Néerlandais et Allemands forment le gros du bataillon des touristes étrangers.

Pour freiner cette érosion, les nouveaux responsables du site, Jean-Charles de Ménibus et Laetitia de Vazelhes, ont donné jeudi un coup d'accélérateur au plan d'action amorcé il y a trois ans pour reconquérir les touristes. Padirac a été classé "site naturel" par le ministère de l'Environnement en mars 2001.

Une politique de communication menée vers les autocaristes français et étrangers a déjà  porté ses fruits, selon les responsables.

"L'an dernier nous avons regagné du terrain (366.000 pour un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros)" malgré la disparition quasi totale des touristes américains à  la suite du 11 septembre, explique Hervé Taillefer, directeur local du site de Padirac.

"Par ailleurs, l'ouverture du site (Pâques à  début octobre) va être prolongée de trois semaines" jusqu'aux vacances de la Toussaint, explique le président Jean-Charles de Ménibus.

"La cavité visitée grâce à  31 barques naviguant sur un kilomètre de rivière, va faire l'objet d'un important réaménagement", explique M. de Ménibus.

Avril, mai et juin ont été de bons mois en dépit de la canicule. Car, contrairement à  une logique qui voudrait que les touristes se réfugient dans le gouffre pour trouver la fraîcheur (température constante à  13 degrés), "la chaleur invite plutôt à  la baignade dans les rivières", constate M. Taillefer.

Le tourisme souterrain, qui générait fin 2000 un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros, est né à  la fin du XIXème siècle à  Padirac.

Avec ses 120 grottes aménagées, dont plus de la moitié détenues par des propriétaires privés, la France se classe au troisième rang mondial, après la Chine (260) et les Etats-Unis (220).

Cette richesse, la France la doit à  une vaste étendue de terrains calcaires ravinés par les eaux durant des millions d'années. L'Agence française de l'ingénierie touristique (AFIT) a d'ailleurs renoncé à  dénombrer les cavités exploitables: le seul massif du Vercors en concentre 3.000 !

Chaque année, des dizaines de nouvelles grottes sont découvertes mais peu sont aménagées pour des raisons de conservation, d'accessibilité ou de coà»t (entre 150.000 et 3,5 millions d'euros).

Ainsi, découverte en 1994, la grotte Chauvet, en Ardèche, recouverte de peintures ocre, rouge et noir datant de 30.000 ans avant notre ère, ne peut être visitée. Seules 10% des grottes ornées sont ouvertes au public.

De même, les visiteurs doivent admirer les chefs d'oeuvre d'art magdalénien de la grotte de Lascaux, découverte en 1940 et fermée au public depuis 1963 à  la suite de l'apparition d'algues vertes sur les parois, grâce à  une reconstitution de la cavité (260.000 visiteurs) proche du site original.