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Version complète : [archive] L'or des Abbesses - Aout 1997
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L'or des Abbesses
Un polar de l'été 1997 sous forme de feuilleton dans Le Parisien.
Auteur Gerard Delteil
Feuilleton No34 parus le jeudi 14 Aout 1997:

Citation :34. René Perdrot, retraité de la RATP et spécialiste des souterrains de Paris, aide Patricia et Vicente à  rechercher Enrique dans les catacombes.

Je suis assez grande pour descendre toute seule. — Surtout que vous n'êtes pas arrivés au bout, jeunes gens ! ricana Perdrot.
Il leur indiqua la direction à  prendre avec sa torche. La galerie donnait l'impression d'avoir été creusée dans le roc. Mais, à  une dizaine de mètres, le halo des lampes se posa sur une surface grise. Les parpaings et les traces de ciment montraient que le mur était de construction très récente.
— Ah ! ils ont bouché...
— On est bloqués ?
— J'ai encore quelques bottes. secrètes, mais il va falloir revenir en arrière.
Ils remontèrent l'escalier. Patricia, en dépit de son entraînement régulier, commençait à  avoir du plomb dans les jambes. C'était peut-être psychologique. Cet endroit sinistre lui flanquait le bourdon. Pourtant elle assurait, sans se plaindre.
Elle avait horreur des pleurnicheries, des minauderies et des petites femmes fragiles.
Perdrot les conduisit à  une autre porte qu'il parvint aussi à  déverrouiller. Ce nouvel itinéraire ressemblait étrangement au premier : un couloir de pierres de taille débouchait sur une plate-forme, puis sur un nouvel escalier semblable à  celui qu'ils avaient déjà  descendu. Mais ici, la couche de poussière était vierge de toute trace de pas.
— Incroyable, on jurerait qu'on est déjà  passé par ici !
— Ces galeries ont toutes été construites par l'Inspection des carrières, sur le même modèle.
Ils rencontrèrent un nouveau mur de parpaings, plus ancien. Un trou permettant de livrer passage à  un homme y avait été percé.
— à‡a n'a pas traîné. Ce n'est pas de la construction sérieuse ! Dans le temps, ils faisaient ça en pierres de taille. Pour passer, tintin !
— Qui a percé ce trou ?
— Je l'ignore. Peut-être des cataphiles...
— Des cataphotes ?
— C'est le nom qu'on donne aux maniaques qui font la fête dans les catacombes. Je vous l'ai dit, ça ne date pas d'aujourd'hui. Ils ont même donné des concerts au XlXe siècle. Tenez, regardez !
Ils débouchèrent dans une vaste salle, haute de plafond, soutenu par quatre gros piliers carrés. Des inscriptions avaient été tracées sur les murs. Des boîtes de bière et des bouteilles vides traînaient çà  et là . Ils découvrirent aussi des excréments desséchés.

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« C'est peut-être une question de vie ou de mort pour votre frère. »
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— Ici, c'est le coin des skinheads, je crois. Ce sont probablement eux qui ont percé le mur. De véritables vandales !
— Nous sommes encore loin ? demanda Vicente.
Perdrot déplia la photocopie du plan et l'examina à  l'aide de sa torche.
— C'est difficile à  dire. Les distances ne veulent pas dire grand-chose. Si nous pouvions aller tout droit, je dirais que nous sommes peut-être à  deux ou trois kilomètres. Mais, avec les détours et les passages bouchés, peut prendre plusieurs heures ç. Et je vous ai prévenus : je ne suis sà»r de rien.
Patricia ne put retenir un soupir. Vicente la prit par l'épaule.
— Je suis désolé. C'est de ma faute...
— C'est plutôt de la faute de ton frère. Quelle idée a-t-il eu d'aller se balader par ici ?
— De toute façon, rappela Perdrot, si nous n'aboutissons pas, il faudra alerter la police. Même si vous ne voulez pas le faire, c'est moi qui l'appellerai.
C'est peut-être une question de vie ou de mort pour votre frère. Imaginez qu'il soit tombé dans un escalier et qu'il ne puisse plus se déplacer !

(A SUIVRE)

En collaboration avec les à‰ditions de la Voà»te qui publient les Métro-polars.
c'est cool ça!