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Version complète : Plongée dans les cavitées souterraines de l'Orbe
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Citation :L’aventure continue au fond des grottes

Une nouvelle expédition est prévue dans les cavités souterraines de l’Orbe, le mois prochain. Un exploit sous terre et sous l’eau, pile quarante ans après la première exploration.
Patrick Deriaz, président des spéléologues suisses, et le plongeur Jean-Jacques Bolanz ont participé aux explorations au-delà  du siphon du Désespoir dès 1997.
Depuis 1974, plus d’un million de visiteurs ont découvert l’entrée des fabuleuses grottes de la résurgence de l’Orbe. Mais le réseau de couloirs inondé n’a pas livré tous ses secrets, loin s’en faut. A deux kilomètres en ligne droite sous terre, un huitième siphon au bout de la salle du Millénaire attend de livrer son secret. Une expédition tentera de passer cette «fin du monde connu», le 4 septembre. Une aventure digne de ce nom!

«A ce niveau-là , il faut des plongeurs et spéléologues tellement chevronnés que les candidats ne se pressent pas», explique Patrick Deriaz, président de la Société suisse de spéléologie. L’expédition requiert une équipe de vingt spéléologues porteurs. Ils accompagneront les découvreurs avec le matériel jusqu’au siphon du Désespoir. Puis les explorateurs partiront seuls dans les trois siphons suivants: une prouesse physique qui devrait nettement dépasser les dix heures; il faut porter les combinaisons, les bouteilles, les lumières, puis chercher un passage dans l’eau sombre.

«Excitant»



«Au bout de la salle du Millénaire longue de 100 mètres, une rivière émerge et se perd dans les blocs. C’est assez excitant, j’aimerais pousser plus loin», assure Jean-Jacques Bolanz, qui peut s’attribuer les dernières découvertes. Mais à  bientôt 65 ans, ce passionné doit passer le témoin: «A mon âge, je deviendrais un facteur de risque.» C’est son ami Luigi Casati qui reprendra le flambeau, avec l’Yverdonnois José Lambelet. Mais Jean-Jacques Bolanz a au moins la consolation d’avoir poussé loin la découverte de cette rivière souterraine unique en Europe.

Pluies dangereuses

Après le passage du Désespoir par un plongeur allemand en 1991, il aura fallu attendre 1997 pour rééditer l’exploit. «Avant, on descendait l’hiver, quand la température de l’eau était à  2 degrés. A 45 mètres, les détenteurs se mettaient en débit continu, raconte Jean-Jacques Bolanz. Nous avons tenté un passage en été, et nous avons amélioré l’accès, notamment en pompant l’eau du siphon des Blocs No 2». Une expédition finalement couronnée de succès. Les orages d’été représentent toutefois un risque: «Nous sommes tributaires à  100% de la météo, l’eau souterraine peut monter de 20 m en trois heures en cas de pluies», explique Patrick Deriaz. L’expédition de septembre sera donc repoussée au moindre doute quant à  la météo.

Il reste probablement des kilomètres de galeries à  parcourir dans l’Orbe souterraine. Le rêve de tout plongeur-spéléologue est de parvenir un jour sous le lac de Joux ou le lac Brenet.

PATRICK CHUARD