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Acropol, le réseau numérique de télécommunications de la police, corrige une partie de ses défauts

LE MONDE | 09.05.03 | 13h04

La couverture de ce système n'est pas optimale, en particulier à  l'intérieur des immeubles. Des progrès restent à  faire sur la permanence des liaisons entre les policiers et leur commandement.
Trois mois après l'échéance fixée le 31 décembre 2002 par Nicolas Sarkozy, le réseau numérique de télécommunications mobiles de la police nationale (Acropol) commence à  s'affranchir des "défauts de jeunesse" que les services du ministère de l'intérieur, et avant eux les représentants de la police, avaient identifiés et déplorés.

Les dysfonctionnements de ce système au cours de ses premiers mois d'utilisation (Le Monde du 17 octobre 2002) avaient, il est vrai, affecté la confiance dans ce réseau - conçu et mis en place par EADS Telecom - des policiers des quatre départements du secrétariat général pour l'administration de police de la capitale (SGAP Paris, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis).

Leurs revendications, relayées par les syndicats (UNSA-Différence notamment), avaient alors conduit, au second semestre 2002, les différentes parties prenantes dans cette affaire - ministère de l'intérieur, préfecture de police de Paris, EADS Telecom - à  reprendre le dialogue pour relancer la formation des utilisateurs, établir des procédures et adopter des mesures propres à  rendre le réseau pleinement opérationnel.

Aujourd'hui, les améliorations apportées à  Acropol sont notables.

Un porte-parole du syndicat FSGP-FO confirme qu'"un réel changement d'attitude de la part de la hiérarchie et une volonté manifeste d'aboutir" se sont manifestés. Et les policiers reconnaissent unanimement que le changement de version logicielle (V35-3) et de terminaux (G2) sur l'ensemble du SGAP a permis de réduire, de plus de dix secondes à  environ deux secondes, le temps de coupure des communications au passage de relais et lors du raccrochage du réseau en sortie de tunnel ou autre zone d'ombre.

Tous les problèmes sont-ils réglés pour autant ? Non. "Il demeure encore des situations, plus ou moins aléatoires, o๠le terminal censé mémoriser les canaux ne se comporte pas exactement comme il devrait. La coupure peut alors durer une minute", constate un fonctionnaire proche du dossier.

D'autres progrès doivent être faits. Certes, la qualité de phonie a été grandement améliorée par l'ajout sur le terminal portatif d'un contrôle automatique de gain, élément qui permet d'éviter une saturation du son en entrée. Une analyse est par ailleurs menée sur les autres composants de la chaîne audio dont dépend la qualité finale, mais celle-ci n'est pas encore parfaite. Pour le reste, le terminal est inchangé.

Autre dossier : compléter le plan d'ouverture de 17 relais (s'ajoutant aux 31 existants) pour porter le taux de couverture des terminaux portatifs (2 watts) en extérieur de 94,5 % à  99,9 %. Ce pourrait être fait au mieux d'ici à  la fin du mois de juin. De toute façon, commente Pierre Maury, porte-parole du Syndicat UNSA-Différence, "il était illusoire de penser que ces travaux seraient achevés en moins de six mois". La couverture du Val-de-Marne, du périphérique ouest, de souterrains et de lieux particuliers (Parc des Princes, Forum des Halles, tunnels de la Défense, périphérique ouest) a été traitée en priorité.

La couverture dite "in-door" (à  l'intérieur des immeubles) n'est, quant à  elle, pas prévue. A elle seule, cette opération aura coà»té entre 15 et 20 millions d'euros, somme que les policiers jugent "exorbitante".

Selon Claude d'Harcourt, préfet du SGAP de Paris, et Jean-Yves Latournerie, directeur de la direction des services de communication et d'information (DSIC) du ministère de l'intérieur, "la quasi-totalité des dysfonctionnements antérieurs seront corrigés à  l'issue de multiples travaux d'ingénierie". D'ailleurs, ajoutent-t-ils, "ils le sont déjà  en grande partie grâce aux cinq ou six nouveaux sites mis en service".

"S'il est vrai, tempère un expert, que la couverture s'est améliorée, en matière de transmission radio, le mieux est parfois l'ennemi du bien, des interférences ou aléas non théoriquement anticipés pouvant surgir sur le terrain lors de l'ouverture d'un site, qui remettent en cause des améliorations antérieures et obligent à  tout revoir."

La vigilance des policiers porte également sur le phénomène dit de "téléportation" (impossibilité pour une équipe de communiquer avec sa salle de commandement habituelle).

Ce dernier, très fréquent, ne pourra vraiment être évité que si l'ingénierie finale est parfaite. En attendant, la solution mise en œuvre consiste à  recueillir les "téléportés" dans un groupe de discussion (conférence de recueil) oà¹, à  défaut de communiquer avec leur salle de commandement nominale, cela leur permet au moins de parler à  quelqu'un. "Ce n'est pas le mode de travail nominal et cela ne peut rester en l'état", avertit Pierre Maury.

Pour Jean-Yves Latournerie,"il s'agit effectivement d'un filet de secours qui correspond à  un mode de fonctionnement dégradé transitoire, en attendant que l'optimisation de la couverture soit achevée". Le signal de détresse, lui aussi souvent mis en cause, "ne fait en revanche l'objet d'aucun chantier spécifique, si ce n'est dans le cadre de la formation, son mode opératoire correspondant au cahier des charges",affirme Olivier Koczan, directeur des activités sécurité publique d'EADS Telecom. "Les policiers devront s'y habituer", confirme la hiérarchie.

Quant aux dossiers ayant trait à  des problèmes relatifs à  l'absence de micro-oreillettes discrètes, à  l'équipement des casques moto et véhicules, à  l'intégration de moyens radios efficients dans les combinaisons NBC (antinucléaire, biologique et chimique), à  la réfection des housses..., ils sont abordés avec une inégale célérité, aucun n'étant à  ce jour totalement achevé.

D'autres inquiétudes perdurent ou ont surgi entre-temps (absence d'enregistrements audio sur Paris, contraintes liées aux batteries, rapports d'alarmes incomplets...). Mais celles-ci sont bien sà»r moins prioritaires que la poursuite du déploiement à  l'échelon national et l'étude des évolutions ultérieures du système.

Karyn Poupée


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Un budget soutenu depuis 1993


Le système Acropol, dont l'idée fut lancée en 1993, a pour objectif de remplacer progressivement le système de radiocommunication analogique de la police par un réseau numérique (voix et données) privé, crypté et conçu pour une utilisation mobile sous différents modes. Il a été mis en place en 1997 sur les quatre districts du secrétariat général pour l'administration de la police (Paris, Hauts-de-Seine, Val-de Marne et Seine-Saint-Denis). Tout en gérant les dysfonctionnements que ce réseau a connus et avant d'en avoir achevé le déploiement, le ministère de l'intérieur élabore de vastes projets d'évolution pour lesquels des appels d'offres publics viennent d'être lancés. Pour les années 2003 à  2007, Acropol bénéficie d'un budget annuel de 60 millions d'euros, auxquels viennent s'ajouter des crédits supplémentaires de 260 millions d'euros répartis sur cinq ans. Les sommes engagées depuis le début du programme national Acropol (1993) dépassent 500 millions d'euros. Celui-ci se poursuivra au moins jusqu'à  2008 sur un rythme financier au minimum équivalent.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 10.05.03

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